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Colloque MAN : les objectifs CO2 véhicules industriels annoncés pour le marché français

Lors d’un Colloque sur « l’électromobilité et la logistique urbaine face au big-bang réglementaire du CO2 » organisé hier à Paris par MAN France, Alexandre Paquot, directeur de la commission Transport sur le climat de l’Union européenne, a annoncé qu’en France, la baisse de CO2 obligatoire sera de 37,4% pour les utilitaires, de 10% pour les poids lourds et de 43% pour les bus (2025). Jusqu’à présent, seuls les objectifs moyens étaient connus. Ils diffèrent selon les pays. Le constructeur allemand a par ailleurs confirmé qu’il allait investir dans sa propre usine de fabrication de batteries.

« Le règlement européen a changé drastiquement avec la contrainte de réduire les émissions CO2 (-15% d’ici 2025, -30% d’ici 2030). Ceci aura un impact majeur sur les choix industriels pour nous constructeurs » a déclaré en introduction Jean-Yves Kerbrat, directeur général de MAN Truck & Bus France.

« Les objectifs ne nécessitent pas de passer dès demain au zéro émission. Nous avons voulu une évolution graduelle » a tenu à préciser Alexandre Paquot, directeur de la commission Transport sur le climat de l’Union européenne, lors de son intervention. « Les camions, c’est le dernier secteur pour lequel il n’y avait pas de contraintes de baisses des CO2. Pour les poids lourds, la difficulté était de standardiser ces émissions. Un camion, c’est déjà compliquer par sa taille. Sur la question du climat, pour les poids lourds, on a eu l’unanimité des pays membres y compris tous les partis politiques. C’est une mesure ambitieuse mais réaliste. Il nous fallu trois ans pour réfléchir aux objectifs proposés et huit mois pour trouver un compromis. »

Le représentant européen a précisé que « les objectifs décidés par Bruxelles sont une moyenne par rapport au émissions de 2019 ». En effet, les réductions diffèrent selon les pays. En France, d’ici 2025, la baisse de CO2 sera de 37,4% pour les utilitaires, de 10% pour les poids lourds et de 43% pour les bus. Bruxelles a analysé les bénéfices des nouveaux standards CO2 pour les poids lourds. L’économie moyenne de carburant pour un poids lourds acheté en 2025 serait de 25 000 euros pendant les cinq premières années.

« Il est nécessaire de constituer une filière européenne de la batterie. La demande en batteries va être multipliée par 50 d’ici 20 ans. Et nous devons définir une indépendance européenne par rapport au marché concurrentiel chinois » a-t-il conclu.

Frederik Zohm, directeur de la R&D de MAN Trucks & Bus AG, a évoqué l’avenir des camions autonomes : « le premier enjeu est l’automatisation. Un jour, nous n’aurons plus besoin de conducteur. Nous avons déjà testé sur 900 kilomètres des camions en platooning (peloton). Contrairement à ce qu’on pense, les économies d’énergie de carburant ne sont pas importantes. Les conducteurs se sont sentis plus comme opérateur. Nous testons aussi les camions entièrement autonomes dans le port de Hambourg » ajoutant : « il faut encore cinq ans de plus de réglementations pour voir si ça va fonctionner » a conclu le responsable de MAN.

Autre intervenant à ce colloque : Mario Herger, chercheur de la Silicon Valley et expert en innovation et dans le domaine de la conduite autonome et de l’électromobilité, s’est penché sur l’évolution technologique de l’automobile et du poids lourd. Auteur de livre « le dernier conducteur avec permis », il estime que « l’enfant qui n’aura pas besoin d’un permis de conduire est déjà né. » Une question reste en suspens : « quand les véhicules autonomes seront prêts pour le public ? » A ce jour, 80 milliards de dollars ont été déjà dépensés en recherches dans ce domaine.

Mario Herger pense que les voitures et les camions électriques ont un avenir en premier lieu dans le transport public. « Pour un véhicule électrique, on parle de 24 composants. La production sera donc allégée et il y aura beaucoup moins d’intermédiaires dans la réalisation et la construction » a-t-il précisé.

Le camion évolue aussi rapidement. Mario Herger qui pense qu’il n’y aura plus de conducteurs de camions d’ici 2025 estime que le véhicule évolue déjà rapidement : « sa physionomie change. Le volant sera retiré prochainement par exemple » a déclaré Mario Herger. « Aujourd’hui, un tiers des emplois dans l’automobile sont basés dans le véhicule à combustion. On doit absolument réfléchir aussi à l’évolution des métiers de l’industrie automobile et poids lourds ».

MAN France proposait en marge de ce colloque trois véhicules électriques en démonstration : un eTGE, un eTGM et le CitE dévoilé en septembre dernier à l’IAA de Hanovre. Ces véhicules seront présents à Solutrans 2019, fin novembre à Lyon Eurexpo.

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