Moyen-Orient

Episode 6. Ma vie au Moyen-Orient au volant d’un camion

Nous retrouvons Jean-Louis Delarue, notre lignard du Moyen-Orient. Nous l’avions quitté dans le précédent épisode dans l’ex-Yougoslavie. Direction la Bulgarie.

La route de tous les dangers

Ce premier voyage en hiver, nous demanda beaucoup de concentration dans notre conduite, mais plus nous avancions et plus nous roulions plus rapidement, nous avons remarqué que tout le long de la route, il y avait des petits mausolées qui signifiaient à n’en point douter d’accident ayant entrainé la mort d’une ou de plusieurs personnes.

A cette époque les routiers qui allaient vers le moyen orient n’étaient pas très nombreux, Des sociétés roulaient déjà depuis quelques années vers les pays orientales, Les Caravaniers de France, et les Transports Gruau furent à n’en point douter les premières entreprises sur ces routes. D’autres indépendants prétendent d’avoir été les premiers, mais quand je regarde les camions, certains de ces camions ne correspondent pas à cette époque, les cabines étaient trop récentes pour correspondre à ces années.

Dans mes souvenirs, il y a eu un camion qui est parti pour Téhéran suite à un pari, qu’il irait livrer dans cette ville, c’était un « Requin » qui a vraiment fait cette route à l’aller et qui est revenu un peu cassé au retour.

Nous avons souffert de la route jusqu’à Nis, en ignorant ce qui nous attendait après. Nis était aussi une ville pivot, car si nous partions à droite juste avant la cité, nous partions vers la Grèce.

Nous avons continué la route vers la Bulgarie en traversant cette cité, nous croisions beaucoup de camion Bulgare arborant le panneau T.I.R. Ils ls avaient à cette époque des Berliet TR 240 en double couchettes car ils étaient toujours deux pour venir en Europe. La Bulgarie de cette époque était encore profondément communiste, et la peur des dirigeants étaient que certains des conducteurs s’échappent vers un pays plus libéral.

Cette cité, une fois passée nous réservait une surprise, finies les routes larges, visibilités nulles pendant des kilomètres, des tunnels non éclairés, et dans lesquels la roche sur les coté était prédominante, ce qui nous obligeait de faire très attention au côté mais et surtout aux camions que nous croisions dans les tunnels.

Je rends aussi hommages aux conducteurs qui sont morts sur cette partie de route car c’était la portion, pour nous la plus dangereuse, car d’un côté gauche de la route il y avait la roche, et du côté droit le ravin, qui ne pardonnait aucune erreur de la part des conducteurs. Je suis certain pour en avoir parlé avec Cherby, que ce que nous avions parcouru auparavant n’était rien en termes de risques que ce que nous avions roulé à ces moments.

Nous n’avons pas eu le temps d’admirer le paysage sur ce premier voyage. Nous avons poussé un soupir lorsque nous sommes arrivés à Pirot, la route était beaucoup moins fréquentée à partir de cette ville.

Tout le long de la traversée de la Yougoslavie, nous avons croisé des camions européens qui, lorsqu’ils nous voyaient, nous faisaient un appel de phares pour nous saluer. Je reconnais que je n’ai pas toujours répondu aux différents appels, et en plus parfois des français que j’ai déjà cité.

J’ai appris par la suite que tous les camions européens de l’époque, étaient nos amis, et qu’ils s’arrêtaient sitôt un européen dans les problèmes, par la suite tout le long de cette route nous avons rencontré cette solidarité de la route, qui malheureusement n’existe plus en France et cela même dans les conducteurs d’une même enseigne. Cette solidarité faisait notre force mais aussi et surtout nous savions nous montrer reconnaissant lorsqu’une panne survenait, en plein hiver, et qu’un camion s’arrêtait pour nous aider. J’aurais l’occasion de revenir sur cette amitié, que j’ai vécu au travers de petites pannes que j’ai rencontrées.

En aparté, je viens d’apprendre le décès d’un très grand conducteur du Moyen Orient, il est mort le 7 mai 2019 dans la fin de matinée. Il a été longtemps un très bon compagnon de route. Son nom : Bernard Bigarre. Au revoir l’ami, nous nous souviendrons de toi longtemps, car tu as été pour beaucoup un exemple dans notre profession.

Très souvent cette route, qui nous menait à Dimitrograd, voyait certains camions se frotter au paroi de la roche dans les tunnels, comme j’avais derrière moi une remorque qui n’était pas très stable. Je craignais que, dans les tunnels, elle aussi pouvait se frotter aux parois.

Du côté de Pirot, souvent nous nous arrêtions pour prendre un repas. Lors de notre premier voyage, nous avons continué notre route vers cette frontière et nous ne nous attendions pas du tout à l’accueil que nous a réservé cette frontière. Je vous raconterai la suite dans le prochain épisode.

Jean-Louis Delarue

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