Moyen-Orient

Episode 9. Ma vie au Moyen-Orient au volant d’un camion

Nous retrouvons Jean-Louis Delarue, notre lignard du Moyen-Orient. Rendez-vous à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie où il règne une ambiance entre Europe et Asie. Double-Mètre se souvient de moments partagés, pas toujours sereins, au poste frontière.

Temps d’attentes

La douane de Kapikule, était cauchemardesque à cette époque, pas de bitume ni de béton sur le sol, des camions qui se croisaient. Nous rentrions dans la douane et d’autres sortaient de la douane, le tout sur des pistes non balisées. Nous devions veiller à ne pas nous trouver sur le chemin de turques qui parfois étaient belliqueux, car l’attente en douane, nous devions nous aussi faire preuve de fermeté, mais en faisant attention à ne pas le faire devant les douaniers.

Nous sommes rentrés dans cette douane en suivant un camion turc, et sur le haut à gauche de ce parking nous pouvions voir des camions français, et Cherby tout naturellement se dirigea vers eux, je fis de même. C’était des camions Gruau, et je fis ce voyage la connaissance de Maurice Leborgne. Un personnage à lui seul. Il était dans sa cabine, et attendait depuis deux jours que la douane lui donne l’autorisation de sortir de cette douane. Il descendit de cabine, et nous fumes heureux de le voir venir vers nous, et surtout de nous proposer de nous guider, pour la suite des papiers. Une fois les camions garés, nous l’avons écouté et surtout suivi dans nos démarches. D’abord nous dit-il, le passeport, et nous nous sommes mis à la queue de tous les conducteurs qui faisaient la même chose. 30 minutes plus tard, j’arborais fièrement sur mon passeport mon premier tampon Turque.

Après nous pouvions sortir du parking, pour aller remettre les papiers à notre transitaire qui en fait allait se charger de nous faire continuer notre chemin, il s’appelait Monsieur Deragobian.

A l’entrée de ce pays, je n’ai pu m’empêcher de sentir la différence d’avec la Bulgarie, tout d’abord l’odeur, une odeur de brochette de kébab. En Turquie, le Kebab c’est de viande de mouton et non de dinde ou de veau n’en déplaise aux kébabs parisiens. Cette odeur était très agréable au narine, puis aussi une autre remarque, autant la Bulgarie était triste autant la Turquie faisait dans le contraire. Sur le parking des transitaires, il y avait des boutiques de toutes sortes, des restaurants et comme de bien entendu des transitaires, Maurice nous guida vers l’officine de Deragobian, avec nos papiers, avec nos photos mais aussi avec nos passeports, ainsi que des carnets de passages en douane.

Le transitaire nous accueillit, prit nos papiers, contrôla s’il ne manquait rien, puis nous demanda à chacun une photo d’identité de plus et nous avons eu le droit de figurer sur le panneau des chauffeurs qui passaient en ce bureau.

Revenez après avoir mangé et je vous dirais si vous pouvez sortir avant ce soir. Il ajouta qu’à son avis cela ne poserait aucun problème, de plus même si nous étions en hiver, il faisait beau temps, et avec Maurice, nous avons été manger du Kébab comme de bien entendu.

Pourtant cette douane a vu des problèmes très sérieux, je me souviens d’un ensemble qui est resté près d’une année dans cette douane, le chauffeur était indirectement prisonnier de la Turquie. En effet le conducteur était lié au camion, et il ne pouvait rentré dans son pays sans son camion, donc dans ce cas précis, le problème venait d’une erreur sur la marchandise. La remorque était chargée de phares CIBIE, et le problème venait du fait que sur les phares il était inscrit « Made in Turquie », comment expliquer de l’import de produit venant du pays de réception !

Le conducteur faisait son premier tour avec le camion qu’il venait d’acheter, et il du se résoudre à laisser son camion en douane et d’aller vers un autre lieu culte « le Londra Camping » qui faisait aussi hôtel. La firme française prit en charge les frais ainsi les jours d’immobilisations du véhicule, puis prit aussi en charge les déplacements de la femme et des enfants du couple, qui pouvait venir régulièrement au Londra.

L’opération se termina bien des mois plus tard par l’obligation de détruire la totalité de la marchandise, et le chauffeur une fois vidé repartit vers la France et ne revint jamais en Turquie.

Les jours de pluie, cette douane devenait un véritable bourbier, et je comprends d’autant mieux les raisons qui avaient poussé les français à se garer sur les hauteurs du parking. Nous pouvions ainsi nous sortir de ce parking sans trop de problèmes. Par la suite cette douane est devenue plus facile car le parking fut refait et surtout bitumé, puis les bureaux aussi ont eu le droit à une modernisation, qui était devenue plus que nécessaire. Il y a quelques mois, je suis retourné dans ce pays, et je suis repassé par cette douane. Je n’ai rien reconnu, l’ancienne douane avait disparu, au profit du béton. Je dois reconnaitre, que je préférais l’ancienne, car la chaleur de l’ancienne m’a manqué.

Je me souviens aussi des interdictions de fumer, qui étaient apparu dans cette douane, or un jour je fus amené à aller dans le bureau du chef de la douane, il y avait derrière lui sur le mur un très grand panneau où était écrit en anglais « No Smoke ». Je suppose qu’il ne devait pas comprendre l’anglais, car il fumait un très gros cigare, bizarrement il m’avait fait comprendre d’éteindre, ma cigarette.

Lors de la remise en état de cette grande douane, des balayeurs sont apparus, et leurs rôles étaient de maintenir la douane propre. Ils avaient un chef balayeur, qui veillait à ce que ce soit propre autour des bureaux principalement. Souvent les balayeurs nous demandaient quelques Turkish lira afin qu’ils nettoient autour du camion. Il fallu aussi attendre assez longtemps pour que les toilettes soient refaites, car auparavant pour savoir où elles étaient il suffisait de suivre l’odeur. Le matin pour faire un brin de toilette, il fallait faire la queue, si bien que nous allions vers le parking des transitaires, où il y avait des toilettes plus aisée d’accès.

Jean-Louis Delarue

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