Tribunes

Démission Hulot : les transports n’ont guère bénéficié du phare de l’écologie

Par Patrice Salini, économiste des transports

« Quand le malheur ne serait bon
Qu’à mettre un sot à la raison,
Toujours serait-ce à juste cause
Qu’on le dit bon à quelque chose »
(Jean de La Fontaine, Le Mulet se vantant de sa généalogie, Fables, 1668-1694)

Après tout le passage de Nicolas Hulot au sein du gouvernement Philippe aurait eu un mérite majeur : celui de permettre sa démission. C’est en gros ce qu’on entend sur une partie de l’échiquier politique. Et il est vrai que son constat – qui est en gros que les petits pas ne suffisent plus – a une certaine force réaliste et pousse chacun à prendre ses responsabilités.

Mais sur ce terrain – celui des petits pas et de l’inspiration des plus grands – force est de constater que le domaine des transports n’a guère bénéficié du « phare de l’écologie ». Resté traité de manière fort technocratique, le secteur des transports doit au surplus subir les assauts de politiques d’inspiration simplistes (S. Royal disait punitive) qui ne produisent que peu d’effets. Comment en effet répéter depuis tant d’années à peu près la même chose et livrer toujours le même constat : on ne sait ni « verdir » le transport, ni assurer le développement cohérent des modes prétendus plus verts. Et pendant ce temps les rares annonces consistent à prétendre rattraper les bévues passées (défaut général d’entretien des réseaux), et continuer à favoriser d’illusoires activités non efficaces et maintenir des grands projets discutés et discutables fort onéreux comme Lyon Turin Ferroviaire. Comment veut-on faire croire en l’utilité d’une nouvelle taxe routière avec ces bilans catastrophiques et ces pseudo-décisions ?

Or les transports pèsent de plus en plus lourd dans la consommation finale de produits pétroliers.

Pour le fret, sur le sol national, la part de la route augmente très régulièrement – sans laisser de trace aux politiques menées- , au point de justifier un constat simple dans l’état actuel des choses : c’est de la transformation du transport routier que provient et proviendra l’essentiel de la transition écologique. Faute d’imagination, sans doute, et de projet pratique efficace et crédible alternatif ou complémentaire.

Il est malheureusement assez peu probable que le pragmatisme l’emporte et que la raison éclaire enfin les politiques de transport, au point de permettre, « en même temps », de transformer le transport routier et de rendre les autres modes véritablement attractifs parce qu’efficaces.

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