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Le Transport intègre l’écologie, une aubaine ou un obstacle pour le TRM

En décrochant le poste de ministre de la transition écologique tout en préservant son porte-feuille de ministre des transports, Elisabeth Borne qui a succédé hier à François de Rugy met fin à un ministère tant souhaité par le secteur du transport routier. Désormais, le transport intègre l’écologie. Une aubaine ou un obstacle pour la profession ?

Le secteur du transport routier avait tout à gagner en ayant son ministère dédié et exclusif. Même si on devait parler plus d’échanges que de véritables négociations, le TRM avait au moins une interlocutrice unique. En intégrant le Transport dans l’Ecologie, Elisabeth Borne annonce sans concertation la couleur avec la volonté d’un transport vert. Et la nouvelle ministre risque de faire passer ses projets de taxes (vignette poids lourd) avec cette fois une vraie raison écologique. Reste à savoir si Matignon laissera carte blanche à l’ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal.

Pour Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR, la nomination d’Elisabeth Borne est une bonne nouvelle : « nous entendons depuis hier de nombreuses personnes s’étonner voire s’émouvoir qu’une M-ministre des Transports devienne ministre de l’Environnement comme si cela était antinomique. A la FNTR, nous trouvons que cela est au contraire parfaitement logique ! D’une part les Transports sont depuis des années reliés au Ministère de l’Environnement et d’autre part ils constituent l’une des principales clés de la transition énergétique. Rien ne se fera sans une politique globale et durable des Transports en France. Les transporteurs l’ont démontré d’eux mêmes : en moins de 20 ans, leur engagement volontaire a permis, par exemple, de réduire de 24% les émissions de CO2 des camions ! » avant d’ajouter : « Bien entendu, nous serons extrêmement attentifs à ce que cette logique ne fasse pas du transport l’ennemi désigné de l’écologie et de la taxation l’alpha et l’omega des politiques publiques nous concernant. Depuis des semaines (et les annonces montant à près d’un milliard la fiscalité supplémentaire sur notre secteur d’ici à la fin du quinquennat), la colère monte dans les territoires. Si le gouvernement ne recule pas, la rentrée s’annonce extrêmement tendue. C’est une question vitale de compétitivité pour nos entreprises dans un contexte de concurrence européenne féroce » conclut-elle.

Pour Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l’OTRE, que TRM24 a pu joindre, Elisabeth Borne ne pourra que mieux apprécier le secteur : «  la ministre aura une vision d’ensemble sur les questions transports et environnementales et possèdera presque toutes les clés du camion pour agir efficacement dans l’intérêt de tous. Le renforcement de ces prérogatives lui donnent un vrai poids et une réelle responsabilité politiques pour imposer une véritable approche ECO-responsable du transport routier en remettant en cause les mesures fiscales injustes envisagées contre notre secteur d’activité : Fiscalité sur les carburants (gazole routier et non routier), remise en cause de la DFS et fiscalité des entrepôts logistiques. Autant de mesures qui pèseront très lourds dans les comptes des entreprises et qui n’auront aucun impact environnemental. »

Alexis Degouy, délégué général de TLF, estime pour sa part que le transport et la logistique ne doivent pas être analysés que par rapport à l’écologie : « Évidemment nous serons très vigilants à ce que nos métiers ne soient pas traités sous le seul angle de la transition écologique. Nous sommes engagés vers une filière durable au quotidien, mais nos préoccupations sont également pour notre compétitivité et la performance économique de nos entreprises. Les investissements y compris pour la transition énergétique ne poussent pas dans un environnement de taxes ! » nous a-t-il déclaré.

Catherine Pons, déléguée générale de l’UNOSTRA, est plus nuancée : « C’est une situation à double tranchant, soit elle aura plus de pouvoir pour imposer des mesures contraignantes pour le TRM du fait de ce double portefeuille, et des nouveaux enjeux qu’elle devra défendre, soit justement ayant en perspective l’ensemble des données environnementales, sociétales et économiques elle répartira mieux les efforts demandés par la population et les politiques. Dans tous les cas la vigilance va demeurer très forte pour le secteur dans les mois à venir. »

D’épineux dossiers suivent la ministre comme les revendications des fédérations du transport routier sur la fiscalité avec le risque d’un mouvement à la rentrée. Jean-Marc Rivera de l’OTRE a tenu à nous rappeler que les derniers échanges avec la ministre sont restés sur une impasse : « Il est grand temps que notre ministre retrouve le chemin d’une vraie concertation avec la profession sur ces questions à défaut de quoi sa rentrée politique risque d’être fort mouvementée. Nous venons de lancer une grande consultation de nos adhérents. En une semaine plus de 500 entreprises nous ont déjà répondu et une très large majorité se dit prête à se mobiliser si les mesures annoncées étaient confirmées dans le futur projet de loi de finances. » Elisabeth Borne est donc avertie d’une rentrée pour le moins tendue.

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