Économie

Projet Lyon-Turin : les marchandises plomberaient les comptes

La conclusion de l’analyse commandée par le ministère italien des Transports est sans appel : le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin n’est pas rentable ! Les experts évoquent un bénéfice positif de 1,3 milliard concernant le trafic passagers qui est loin de compenser, selon eux, les 7,9 milliards d’euros de coûts futurs d’investissement et de gestion de l’infrastructure et les 463 millions d’impact négatif pour le transport des marchandises en raison d’une baisse des recettes pour l’Etat (péages routiers, accises…).

Ce rapport de 79 pages ne devrait guère réjouir la France à commencer par Elisabeth Borne, la ministre des transports, qui était allée défendre le mois dernier le projet. Rappelons que la ligne à grande vitesse long de 270 kilomètres vise à réduire les transports de poids lourds pour les transférer sur le rail. Le projet permettrait ainsi une réduction de trois millions de tonnes de CO2 par an, selon la société franco-italienne Telt chargée des travaux.

Le ministère français des Transports a réagi avec une extrême prudence, assurant que “la France prend note de la publication de cette étude” et que ses experts étaient “en train d’analyser son contenu”.

L’Union européenne, qui a déjà injecté plusieurs centaines de millions d’euros dans le projet, a souligné récemment que sa suspension “mettrait en question l’accord de subvention en cours, et pourrait conduire à sa résiliation et au recouvrement total ou partiel des sommes déjà versées”.

Le projet est contesté depuis ses débuts, notamment par des associations de protection de l’environnement, ce qui a conduit à en modifier le parcours. Désormais, en Italie, le projet est surtout dénoncé par le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), qui y voit un gaspillage d’argent public alors que le pays en aurait besoin, selon lui, pour le système scolaire, hospitalier ou les routes.

En France, une frange importante du mouvement écologiste et le maire vert de Grenoble, Eric Piolle, y sont également hostiles. Les opposants estiment notamment que l’actuelle ligne ferroviaire est sous-exploitée et pourrait être montée en puissance.

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