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« Il va falloir gérer la décroissance pendant quelques mois voire quelques années », Matthieu Sarrat (DG GT Solutions)

50% du parc immobilisé

GT solutions, qui emploie 2 000 salariés sur une centaine de sites en France pour un CA de 220 M€, a vu son activité chuter de 60% au début du confinement. Depuis, l’entreprise familiale réussit à progressivement à se relever. Matthieu Sarrat qui a pris en septembre dernier le relais de son père à la tête de GT Solutions, estime dans une interview que “la reprise sera graduelle” et qu’il va falloir “gérer la décroissance pendant quelques mois voire quelques années.”

Le début du confinement a été douloureux pour bon nombre d’entreprises du secteur du transport, dont fait partie GT Solutions. « Nous avons perdu 60% de notre activité la première semaine. Depuis, nous regagnons à peu près 0.5% d’activité chaque jour et aujourd’hui l’entreprise tourne à 50% » indique Matthieu Sarrat. Deux groupes de secteurs se distinguent : d’un côté ceux qui poursuivent leurs activités et de l’autre ceux pratiquement à l’arrêt : « ce sont les secteurs de l’agroalimentaire, de la RHF (auprès des EPHAD notamment) et de la santé (transport de médicaments, de déchets infectieux, de linge pour les hôpitaux, de prélèvements pour les laboratoires…) qui continuent de fonctionner. Le secteur de la construction reprend un peu mais l’industrie reste pratiquement à l’arrêt. »

Sur le terrain, les filiales fonctionnent selon leur principale activité. Dans celles qui sont au ralenti, les conducteurs ont été mis au chômage partiel. « Certaines filiales de province (dont l’activité est essentiellement tournée vers l’agroalimentaire) tournent pratiquement normalement, alors que les filiales d’IDF sont très impactées. Les conducteurs qui ne travaillent pas sont au chômage partiel. Au siège à Bassens (33), 50% des effectifs sont également au chômage partiel et les autres sont en télétravail ou en poste dans les bureaux avec des rotations de personnel que nous avons organisées pour limiter la densité » nous a fait savoir le dirigeant qui estime que le contexte aura permis de développer le télétravail au sein du groupe : « dans le cadre de notre chantier de réflexion « le bien-être au travail », cela faisait plusieurs années que nous encouragions le télétravail (avec prêt d’ordinateur, etc) mais sans arriver à le déployer à grande échelle. Ce confinement aura permis au personnel de tester le télétravail et les retours sont positifs. »

Limiter les contacts

Le principe de sans-contact a été mis en place dans toutes les filiales pour assurer une protection sanitaire sans faille aux conducteurs : « ils sont équipés de masques lavables et de gel hydroalcoolique et certains de nos clients qui fournissent les tenues de notre personnel ont également équipé les chauffeurs. Les bons de livraison n’ont plus besoin d’être signés, ce qui limite les contacts avec l’extérieur. Etant spécialisés sur les transports courte distance, nos conducteurs n’ont pas l’occasion de prendre l’autoroute ; ils ne sont donc pas touchés par l’absence de commodités que l’on a beaucoup décriée. »

Matthieu Sarrat estime pour sa part que « la reprise dépend de l’activité de ses clients. « Par exemple quand le service drive des chaines de restauration reprendra ou que le secteur de la construction redémarrera pleinement. La reprise sera forcément graduelle. » Et il faudra remettre tout le matériel roulant en marche : « nous avons 50% de notre parc immobilisé aujourd’hui, soit plus de 600 véhicules, dont il faudra, à la reprise, vérifier la batterie, le niveau d’essence. Nous repensons aussi l’organisation des postes dans les bureaux pour respecter une distanciation sociale indispensable pour la santé de tous. Nous privilégierons également les circuits courts et locaux dans nos approvisionnements. Pour de nombreux clients, l’activité est suspendue, ce qui génère beaucoup d’incertitudes sur notre avenir proche. J’espère qu’on fera partie de ceux qui s’en tireront mais on va devoir gérer la décroissance pendant quelques mois voire quelques années. »

Le transport, maillon essentiel de notre économie

Enfin, le dirigeant tire plusieurs enseignements de cette crise à la fois sanitaire et économique : « cette crise balaie bien des convictions : les choses que l’on croyait immuables peuvent basculer du jour au lendemain. L’épreuve et la difficulté engendrent des comportements différents chez les clients : ceux qui restent solidaires et compréhensifs et ceux profitent de la situation pour décaler les règlements ou se comportent comme des malotrus. Nos relations se sont renforcées avec les clients qui ont joué le jeu » pour conclure : « cette crise a été l’occasion de vérifier que le transport était un maillon essentiel de notre économie mais qu’il pouvait aussi vite être en défaut si on n’a pas le matériel pour protéger les hommes et les femmes qui assurent cette prestation. Elle a permis de redorer l’image du conducteur, déconsidéré dans de nombreuses sociétés. C’est pourtant grâce aux chauffeurs que nous avons pu continuer à nous approvisionner dans les rayons, que les pensionnaires des EPHAD ont pu avoir des repas, que les hôpitaux et laboratoires ont été livrés. J’espère que cette prise de conscience sera pérenne dans le temps, nos conducteurs en ont besoin ! »

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