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Blocages Gilets Jaunes : la ligne rouge est franchie pour les transporteurs

Même si le nombre de barrages dressés par les gilets jaunes a tendance à baisser, ceux qui subsistent pénalisent fortement les entreprises de transport. La ligne rouge semble être franchie. Les témoignages de transporteurs dépassés se comptent par centaines, petites et moyennes entreprises. L’Unostra tire le signal d’alarme et prévient : « Si l’Etat ne met pas fin à cet état de siège d’ici lundi, nombre de transporteurs excédés et désabusés de son manque de fermeté se mettront en marche ».

Un transporteur des Hauts-de-France doté d’un parc de 40 camions accuse une perte de plus de 30 000 euros en 15 jours. La plupart des entreprises de transport doivent revoir les parcours de leurs camions pour éviter les barrages. Ces changements de trajets entraînent des surcoûts inattendus. C’est le cas pour Françoise Cénée des transports Carles Levage près de Béziers (34) que nous avons joint par téléphone.

 

Pour beaucoup de transporteurs, le mode des actions n’est pas le meilleur. « Des camions bloqués sur les routes, ça signifie qu’il faut qu’on paye les frais de déplacement de nos chauffeurs et leurs salaires pour des livraisons non effectuées » a déclaré à la presse locale Solange Delolme, dirigeante des Transports Colombet à Sainte-Sigolène, en Haute-Loire ajoutant : « bloquer le pays c’est se tirer une balle dans le pied. Il faut faire voir qu’on est en colère mais surtout ne pas bloquer. Il y a deux ans, les raffineries ont été bloquées pendant une dizaine de jours mais on dirait que personne ne s’en souvient. Et là, vendredi, les grandes surfaces ont été dévalisées. Bloquer l’économie n’est vraiment pas une solution. »

Dans l’est, Pascale Henn qui dirige une entreprise de transport à Rosières-aux-Salines (54) avec 37 conducteurs n’a pas pu faire grand chose lorsque, lundi matin, dix d’entre eux ont été bloqués à Saint-Dizier et « contraints de faire demi-tour après une journée dans la cabine» comme il a pu le raconter à l’Est Républicain. « Deux jours pour rien, mais des salaires à assurer » précise-t-il amer. « Nous nous sommes rabattus sur l’autoroute avec le surcoût du péage et vivons dans l’angoisse de ne pas pouvoir être ravitaillés en diesel » déplore le transporteur.

« Les patrons de TPE et PME ne vont pas entamer une nouvelle semaine laminée par le calcul de temps de service à payer aux conducteurs alors que le chiffre d’affaires avoisine les zéro euros » nous a déclaré Catherine Pons, déléguée générale de l’Unostra qui représente les entreprises de transport les plus petites donc vénérables et les plus touchées par les blocages sauvages des gilets jaunes. « Les détours pour effectuer les livraisons correspondent parfois au double de la distance parcourue en temps normal. Qui va payer les surcoûts de gazole ? Les reports de paiement de charges sociales et fiscales ne serviront à rien car le chiffre d’affaires perdu de ces 15 jours voire plus ne se retrouvera jamais ! »

Dans une lettre adressée au premier ministre il y a une semaine, l’Otre rappelait les conditions parfois sensibles auxquelles sont confrontés certains conducteurs et les celles des entreprises de transport fragilisées : « les véhicules de transport routiers de marchandises sont les cibles privilégiées des manifestants, entraînant des conditions de travail indignes pour les salariés et des pertes de chiffre d’affaire désastreuses pour les entreprises, qui exacerbent le mécontentement de la profession. »

Dans un communiqué, la FNTR et TLF ne cachent pas leur exaspération : « les camions sont pris dans divers blocages et barrages et sont dans l’impossibilité de remplir leur mission d’acheminement des marchandises et de ravitaillement ». Elle appellent le gouvernement à prendre ses propres responsabilités soit en entamant un processus de négociation avec les « gilets jaunes, soit en faisant respecter la liberté de circulation des opérateurs économiques ».

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