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Brexit : l’industrie automobile redoute un séisme, et le véhicule industriel ?

Dans un communiqué commun, l’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA), celle des sous-traitants (CLEPA) et 21 associations nationales, ont déclaré que « le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord déclencherait un séisme dans l’industrie automobile, avec des milliards d’euros de taxes ». L’industrie du véhicule industriel (utilitaires et poids lourds) serait-elle aussi impactée ? Les conséquences seraient moindres bien que certains constructeurs comme DAF Trucks subiraient de plein fouet le Brexit. Explications.

Pour les industriels du poids-lourd, l’impact du Brexit pourrait être moindre que dans l’industrie automobile. Mais il y a un constructeur particulièrement impacté : DAF, qui dispose en Angleterre de son usine à Leyland et qui fabrique les gammes LF. En outre, en cas de complications douanières, les cabines du LF sont produites à Blainville-sur-Orne, chez Renault Trucks et cela peut compliquer les flux logistiques en cas de “hard Brexit”.

Volvo Trucks et Scania, dont les parts de marché sur les îles Britanniques sont élevées, pourraient également être pénalisés. Volvo étant, à ce titre le premier concerné, puisqu’il fournit nombre de châssis pour les autocars et autobus locaux.

Les premières victimes industrielles de cet éventuel “hard Brexit” sont concentrées chez les équipementiers : au premier rang desquels il faut mentionner le motoriste Cummins (tant pour les moteurs que pour les équipements tels que turbo-compresseurs -comme Holset-) et le spécialiste de l’injection Delphi.

Mais les conséquences seraient beaucoup plus dramatiques dans l’automobile. Les associations de constructeurs européens évaluent le surcoût lié aux droits de douane supplémentaires en cas de Brexit désordonné à quelque 5,7 milliards d’euros. Des géants de l’automobile comme l’allemand BMW, le français PSA et le japonais Nissan possèdent actuellement des usines en Grande-Bretagne, dont l’avenir semble compromis en cas d’un «no deal».

Le patron de PSA, Carlos Tavares, avait prévenu en juillet que le constructeur était prêt à fermer l’usine britannique de Ellsmere Port et transférer l’activité en Europe continentale si le Brexit tournait mal. Le fabricant de voitures premium BMW a indiqué début septembre qu’il allait arrêter deux jours son usine britannique d’Oxford autour de la date prévue pour le Brexit, soit le 31 octobre, illustrant la pagaille prévisible dans le secteur autour de cette échéance. Et Nissan avait fait savoir dès mars qu’il allait cesser de produire ses modèles de luxe Infiniti dans son usine à Sunderland dans le nord-est de l’Angleterre.

Pour l’heure, les constructeurs de poids lourds et équipementiers n’ont fait aucune annonce d’arrêt de production ou de distribution.

Hervé Rébillon et Jean-Philippe Pastre

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