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Consultation ZFE : la massification des livraisons privilégiée

ZFE

La consultation lancée par le Sénat ne surprend pas. Il s’agissait de se faire une idée sur l’attitude à tenir avant le lancement en grande pompe, d’ici 2025, les zones à faibles émissions (ZFE) qui ont pour but de lutter contre la pollution de l’air dans les grandes agglomérations. « Nous relevons une très faible acceptabilité de la population, 86 % des particuliers ou artisans y sont défavorables » relève la chambre haute du Parlement. Jamais une consultation sénatoriale auprès des citoyens n’avait recueilli autant d’avis avec plus de 51 300 réponses en moins d’un mois. Jamais non plus elle n’aura recueilli autant d’avis négatifs.

« Ce résultat démontre de nombreuses inquiétudes que ce dispositif génère chez les Français, particuliers comme professionnels qui ont répondu à une vingtaine de questions, même s’il s’agit d’une consultation basée sur le principe du volontariat et non d’un sondage représentatif » précise Philippe Tabarot (LR), sénateur des Alpes-Maritimes rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE qui doit rendre ses conclusions mi-juin. Ici, il s’agit bien d’éviter de nouvelles tensions sociales car nous le savons, ce qui a trait à la mobilité automobile cristallise le mécontentement. Rappelons que 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants sont concernées.

Les transporteurs ne sont pas oubliés

Si les sénateurs n’ont pas publié d’avis concernant les livraisons des marchandises, ils ont tout de même pris contact avec les transporteurs et c’est bien ne moins qui puissent faire car la quasi-totalité des camions et camionnettes qui peuvent encore accéder aux villes, pourraient bien en être exclus à terme si les règles ne sont pas modifiées mettant en péril l’approvisionnement des agglomérations. Or, il est reconnu que la massification des livraisons permet de réduire le nombre de véhicules assurant des livraisons et donc de limiter les pollutions. Dans moins de deux ans, des millions de véhicules de tous types pourraient être exclus des villes comme le prévoit la loi climat et résilience de 2021.

Face à des tensions déjà visibles, certaines municipalités temporisent, comme Lyon, pourtant dirigé par un maire écologiste qui a compris qu’il était plus sage de discuter et de commencer par assouplir le calendrier. Mais, naturellement, il faut avancer et personne ne nie l’importance de réduire les particules nocives pour la santé. Ce qui est actuellement difficilement compréhensible, ce sont de trop grandes différences dans les règles d’application selon les agglomérations. Au bout du compte cela devient incompréhensible. Il y a une nécessité de pédagogie mais aussi d’uniformisation de la méthode.

Thierry Pech et Mélanie Heard, du think tank Terra Nova se sont penchés sur la problématique de la logistique urbaine. « La transition écologique autant que l’efficacité économique commandent de faire en sorte que les véhicules de la logistique urbaine en circulation soient à la fois mieux remplis et moins nombreux. Des VUL, qui circulent à demi-remplis toute la journée, représentent une perte d’efficacité à tout point de vue. Les volumes de marchandises transportées demeurant constant, le revenu global des transporteurs doit rester stable mais un effort de mutualisation accrue permettrait de rendre le service en suscitant moins de trajets, donc en utilisant moins d’énergie et en émettant moins de GES. Pour optimiser le remplissage des véhicules transportent les marchandises, les techniques et applications de l’économie collaborative et les plateformes de partage pourraient être davantage sollicitées. Considérant qu’il s’agit là d’une infrastructure clé de la ville intelligente, les villes et intercommunalités pourraient structurer ce service, soit en délégation de service public soit en gestion directe. »

En même temps, la commission du développement durable et de l’aménagement du  territoire  a  confié  à  deux députés, Gérard  Leseul et Bruno  Millienne, une « mission  flash »  consacrée  aux mesures d’accompagnement à la mise en œuvre des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m). La mission a formulé une vingtaine de recommandations pour accompagner les ménages et les professionnels dans cette transition et garantir le succès de leur mise en œuvre. Le rapport souligne les difficultés rencontrées par les professionnels de la logistique territoriale à acquérir de nouveaux véhicules (VUL et des PL) en raison notamment d’une offre industrielle encore réduite sur les véhicules poids lourds classés 0 ou 1, d’importants délais de livraisons, ou encore de coûts d’acquisitions élevés.

Parmi la vingtaine de recommandations, plusieurs sont très pertinentes, notamment :

  • Le développement des aides au retrofit pour les VUL et PL
  • L’harmonisation des dérogations, des critères et des calendriers de mise en place des ZFE-m
  • La mise en place d’un guichet unique de demande et d’obtention des aides nationales et locales
  • Le renforcement des incitations à l’acquisition de poids-lourds Crit air 2 (norme Euro 6).

www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/organes/commissions-permanentes/developpement-durable/missions-de-la-commission/zfem

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