Coronavirus

TEMOIGNAGE : « il n’y a plus aucun transport en Martinique » (Daniel Jacquens, coopérative Transport)

C’est le chaos complet

Daniel Jacquens dirige une coopérative de transport de matériaux de constructions basée à Ducos, en Martinique. Comme les transporteurs de la métropole, elle subit de plein fouet la crise du coronavirus. « C’est le chaos complet. Il n’y a plus de transport sur l’île. Même quand il y a un cyclone, ça ne dure pas aussi longtemps » constate le président de la coopérative dont seulement 10% de l’activité se poursuit. Pratiquement les 60 camions qu’elle compte sont aujourd’hui à l’arrêt.

L’insularité complique la situation des transporteurs routiers. Même si les bateaux continuent à arriver et à débarquer leur fret, les avions n’atterrissent plus. « Les pièces pour les camions arrivent habituellement par les airs et là il est impossible aujourd’hui d’être dépanné. » Et en pleine saison des fruits, les exportations qui partent en avion ont pratiquement cessé. « Celles de melons par exemple est à l’arrêt depuis mars. Du coup, la production est écoulée sur l’île. »

Comme les transporteurs de la métropole, la coopérative a eu recours au chômage partiel. « Ce sont tous des petites entreprises à leur compte. La plupart du temps il y a un seul conducteur, c’est le propre patron. Au total, on ne fait appel qu’à 10 chauffeurs, ils sont tous au chômage partiel. En revanche, les dirigeants n’ont aucune aide. Ils vivent sur leurs économies et ça ne peut pas durer » indique-t-il.

Annuler nos charges

Daniel craint que les transporteurs martiniquais ne puissent résister financièrement. « Déjà, nous avions du mal à tenir. Les prix des transports ici sont très bas, plus qu’en métropole. Nous avions demandé avant le virus d’échelonner nos dettes. Là, on va être obliger de demander d’annuler nos charges sinon nous n’allons pas nous relever. Les assurances des camions continuent même si les véhicules ne roulent plus. C’est 3 000 à 4 000 euros par camion chaque année. » Le président de la coopérative qui représente aussi l’Unostra en Martinique espère pouvoir décrocher des réunions avec les autorités. Ils ont demandé de pouvoir profiter de l’aide de 1 500 euros prévus pour les indépendants. « On a fait la demande mais il faut être en règle pour pouvoir les toucher. Or, la plupart, nous ne sommes pas à jour des cotisations vu le contexte économique. »

Contrairement aux entreprises de métropole, les transporteurs ne profiteront pas des aides fiscales décidées par le gouvernement (avancement du remboursement de la TICPE et report du paiement de la taxe à l’essieu. « Nous ne sommes pas soumis au remboursement de la TICPE ni à la taxe à l’essieu » nous a confié le transporteur qui estime qu’ils ne sont pas écoutés.

Pour Daniel Jacquens, inquiet, le manque de visibilité ne permet pas de lancer des projets : « nous ne savons pas quand ça va reprendre. Après, il faudra tout remettre en route, cela risque de prendre une semaine. »

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