Coronavirus

TEMOIGNAGE : « je me sens chanceux » (Pierrick Loron artisan routier)

Une exception à la règle

Pierrick Loron fait partie des petits transporteurs épargnés par les conséquences de l’épidémie du coronavirus. « Je me sens chanceux » n’hésite pas à dire ce jeune artisan routier qui s’est spécialisé dans le transport de primeurs depuis qu’il a lancé sa petite société en 2012. Ils sont ainsi un petit nombre de TPEs à être à l’abri de cette hécatombe qui s’est abattue sur le transport routier français.

Au volant de son camion, le seul véhicule de l’entreprise, plusieurs fois par semaine, Pierrick fait ses allers et retours entre la vallée du Rhône, la Provence et Rungis. Il transporte à l’aller des fruits et légumes et au retour des fruits exotiques arrivés par avion. « L’activité s’est maintenue dans l’ensemble, sauf pour les fruits en provenance de l’étranger. Mais mes chargeurs ont joué le jeu. Nous avons une collaboration à l’année. Certaines fois je suis revenu avec la moitié du camion vide mais en général ils me trouvent de la marchandise » nous a indiqué le jeune dirigeant, à peine la trentaine, qui a vu son chiffre d’affaire baisser d’à peine 5% depuis le début de la pandémie en France. Une exception à la règle, les petites structures plus vulnérables n’ayant en général pas été épargnées par le virus. « Beaucoup d’affétés habitués à Rungis ont été mis sur la touche » regrette-t-il. « Certains ont travaillé en direct avec la grande distribution. C’était le feu surtout en mars, ils cherchaient des camions. Je connais certains transporteurs habitués à faire de l’industriel à avoir transporter du frais. »

ça calme

Mais notre patron routier est conscient de la situation dramatique pour bon nombre de transporteurs même si lui a pu tirer son épingle du jeu : « tout le monde crève la dalle. C’est incroyable. L’effondrement des prix n’arrange rien. C’est surtout la brutalité avec laquelle les choses se sont passées. On a dit : on arrête tout d’un coup » nous a-t-il confié. « J’ai un voisin autocariste. Sur ses 400 cars, seuls 15 roulent encore aujourd’hui. Ça calme ! ». Le transporteur a préféré cependant jouer la prudence : « j’ai utilisé un levier au cas où. J’ai gelé les traites du camion sur 6 mois. Je ne savais pas comment le vent allait tourner pour moi. »

« Mon avantage, je pense est que je suis tout seul. Je pensais embaucher il y a quelque temps. Heureusement, je n’ai pas agrandi l’effectif. J’ai des collègues qui se retrouvent aujourd’hui avec 5 voire 6 chauffeurs. Ils tirent la langue. » Pierrick estime qu’il récolte ce qu’il a semé pendant ses premières années d’activité. « Je me sens chanceux, certes, mais il fallait l’avoir. Je suis en prestations, je n’ai pas de clients directs. Je travaille avec 4 donneurs d’ordre sur qui je peux compter » nous a-t-il précisé.

Nouvelle façon de consommer

Notre artisan routier a été épargné aussi par les mauvaises conditions sanitaires chez les clients ou sur les autoroutes auxquelles étaient exposés la plupart des routiers : « je vais seulement sur les aires de repos pour ma pause. Sinon, je prends ma douche chez le client. Et à chaque fois, les sanitaires sont réservés aux affrétés. »

Pierrick pense qu’une nouvelle façon de consommer apparait avec la crise sanitaire. « Les grandes surfaces font appel directement aux agriculteurs. » L’épidémie du coronavirus va obliger le transport à changer. « On va transporter autrement, il va falloir revoir nos conditions de transport » nous a-t-il déclaré en conclusion.

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