Coronavirus

TEMOIGNAGE : “il faut se battre” (Joaquín Sánchez Morcia, artisan routier espagnol)

L’arrêt brutal

Joaquín Sánchez Morcia s’est mis à son compte l’an dernier. Ce jeune artisan routier de la région de Cadiz, en Espagne, s’est spécialisé dès le départ dans le transport de fruits. Il a dû stopper en quelques heures ses livraisons de fraises de Huelva à Madrid. Depuis, il a repris ses allers et retours entre l’Andalousie et la capitale.

L’arrêt fut brutal, Joaquín ne l’oubliera pas. « Je me souviens, j’étais en train de charger une cargaison de fraises près de Huelva. C’était le lundi 16 mars dernier. Un collègue m’a averti que tout s’arrêtait. Je ne l’ai pas cru. J’ai compris quand mon client n’a pas fini le chargement. » Le jeune dirigeant avec pour seul outil de travail son camion DAF a du se confiner quelques jours chez lui.

« Normalement à cette période, beaucoup cesse de travailler le temps de quelques jours en raison de la semaine Sainte » nous confie Joaquín. « L’arrêt n’a pas eu trop de conséquence sur ma trésorerie. » Le dirigeant a pu reprendre le travail quelques jours pour des livraisons dans la province. « Je n’ai pas le droit pour l’instant d’aller sur Madrid. Je me contente de petites livraisons qui me rapportent 20% de mon chiffre d’affaires habituel. Donc pas grand-chose. Juste de quoi pouvoir manger et payer mon loyer. » Il a pu récupérer quelques chargements de conteneurs de bananes au port de Cadiz en provenance des Canaries.

La moitié d’un chargement

« Nous indépendants, contrairement à des conducteurs salariés, nous avons rencontré beaucoup de problèmes. A chaque contrôle, nous devions prouver que nous transportions des produits essentiels. Mais dans l’ensemble, les policiers ont fait preuve de compréhension » nous a déclaré le patron routier. « Pour pouvoir se déplacer, il fallait avoir au moins la moitié de la semi remplie. Sinon on n’était pas autorisé à rouler. Il a fallu trouver des chargements complets. »

Joaquín attend beaucoup du déconfinement qui débutera lundi prochain en Espagne. Pour lui, ce sera le signe d’une reprise de la vie sociale et économique. « Je recommence à obtenir des voyages pour Madrid. Principalement des fruits et légumes. Mais il faut se battre pour décrocher les autorisations car les déplacements sont encore interdits entre provinces. »

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