Coronavirus

TEMOIGNAGE : « la guillotine est tombée sans calculer l’après-pandémie » (JP Rabbath, transporteur québecois SGT 2000)

Spécialisée dans le transport international

Jean-Pierre Rabbath est directeur des projets spéciaux chez l’un des plus importants transporteurs québécois : SGT 2000 basé à Drummondville, entre Montréal et Québec. Comme toutes entreprises de transport nord-américaines, elle n’a pas été épargnée par les conséquences économiques du coronavirus. « Elle doit faire face aux restrictions sanitaires de son pays, le Canada, et des Etats-Unis, principale destination de nos camions » nous a fait savoir le responsable qui, habituellement, s’occupe de recruter des conducteurs, la pénurie n’épargnant pas la Belle province.

L’entreprise est spécialisée dans le transport longue distance depuis sa création en 1988. Elle ne possède pas moins d’une vingtaine de terminaux et achemine de la marchandise dans tout le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Elle compte 275 chauffeurs. Elle réalise 80% de son revenu dans le transport international.

« Nos activités ont baissé de moitié à peu près depuis le début de la pandémie » nous a précisé Jean-Pierre Rabbath. « Nous transportons essentiellement du papier industriel du Québec vers les Etats-Unis. Et les papeteries ont baissé leurs exportations. » De nombreuses entreprises n’hésitent pas à s’adapter et transportent des produits essentiels comme l’alimentaire ou les médicaments. Mais pour le transporteur : « ça devient la concurrence de tout le monde car tout le monde essaie de se diversifier » a-t-il ajouté. « Notre ressort a été le transport d’emballages finis pour produits. Avec l’explosion des livraisons à domicile et le changement de consommations, c’est une bonne opportunité même si c’est une petite goutte dans l’océan. »

Pas de droit de retrait

Les quelques 275 conducteurs travaillent pour la plupart à l’international et, même si habituellement les Etats-Unis font rêver, cette fois vu le contexte pandémique, la destination attire moins. « Certains refusent d’y aller en raison de l’amplitude de l’épidémie dans le pays. Je comprends c’est un choix personnel » nous a indiqué le responsable. Et, contrairement à la France, les conducteurs ne disposent pas du droit de retrait. « Pourtant, le métier de conducteur transfrontalier est très bien protégé. Il reste 90% de son temps dans sa cabine. On ne lui impose pas d’être en contact avec d’autres personnes. Il est protégé aux frontières ou encore chez le client » a-t-il souligné.

Pour Jean-Pierre Rabbath, « la reprise est la grande inconnue. C’est la vitesse que ça va prendre surtout. Et nous dépendons des Etats-Unis » précise-t-il. « La pénurie va s’accentuer. Quand l’économie va reprendre, on aura besoin de chauffeurs. » Mais il regrette que la reprise n’a pas été assez réfléchie : « la guillotine est tombée sans calculer l’après-pandémie. Avant il y avait un décalage, un pays finançait un autre. Mais là, tout le monde est dans un programme d’urgence » conclut-il.

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