Coronavirus

TEMOIGNAGE : « on a déjà mangé toute notre trésorerie » (Anthony Andolina, artisan routier)

Tirer son épingle du jeu

Probablement les plus exposés car plus fragiles, les artisans routiers, nombreux en France, tentent de sauver leur peau. Certains arrivent pourtant, non sans mal, à tirer leur épingle du jeu. C’est le cas d’Anthony Andolina qui dirige depuis la Haute-Savoie sa petite société, les Transports Du Leman, avec 2 poids lourds. Sa proximité avec la Suisse lui a permis de limiter la casse.

Anthony, la trentaine passée, est un passionné du camion. Après avoir décroché en 2005 son CAP mécanicien et CAP Transport et marchandises, il enchaîne les petits boulots de conducteurs dans plusieurs entreprises. Un an après, il décide de monter sa propre société spécialisée dans le transport d’engins. Et pas question de laisser le volant, il conduit l’un des deux camions.

Le patron routier a dû mettre les bouchées doubles pour ne pas tomber, en cette période de crise sanitaire. « Je n’ai pas fermé. J’arrive à trouver du fret en tautliner et en plateau dans le sens France-Suisse et Suisse-France. Il faut chercher » nous a indiqué Anthony qui avoue que le fait d’être proche de la Suisse lui a permis de ne pas mettre la clé sous la porte. Et Anthony a réussi à faire travailler son seul et unique salarié. « Ils n’ont pas voulu que je le mette en chômage partiel. Ils ont estimé que ma société n’était pas une priorité » regrette, amer, le jeune patron. « Le chômage partiel n’est pas non plus une solution pour les conducteurs qui ne perçoivent que 80% de leur salaire sans les frais. Mon conducteur se fait près de 300 euros de frais par mois. Faites le calcul. »

Un euro le kilomètre

Anthony est surtout en colère concernant les prix du transport : « Je transporte des meubles pour un client régulier entre Arles et Lausanne pour 850 euros. Un gros groupe qui travaille habituellement avec des chauffeurs des pays de l’Est que je ne nommerai pas m’a proposé 600 euros. Ce n’est pas possible pour nous » ajoute le dirigeant qui peste contre les prix pratiqués sur les bourses de fret : « Hier, il y avait sur l’une d’entre elles 40% de fret pour 100% de camions. Et ça paie rien ! Même pas un euro le kilomètre ! Et conséquence : il y a des lots qui traînent comme personne n’en veut. On nous demande même des transports en des temps record, en pleine nuit. »

Anthony est de nature optimiste même si la situation est particulièrement sensible. « Ça redémarre un peu cette semaine dans le transport d’engins TP. Depuis le début du confinement, l’activité avait chuté de 80%. Heureusement le planning commence à se remplir de nouveau depuis lundi ». Son principal souci : sa trésorerie. « Pour de petites boites comme nous c’est vital. Je subis actuellement des retards de paiements énormes, le plus souvent de grosses sociétés d’affrètements. En revanche, ma banque m’a permis de décaler les échéances de mes prêts de 6 mois sans frais et sans augmentation. Car on a déjà mangé toute notre trésorerie » tient à préciser le chef d’entreprise. La passion d’Anthony pour le secteur du transport routier reste intacte même si la période est compliquée. « Je ne me suis pas fait de salaire ni en mars ni probablement en avril. Mais je suis trop mordu ! » conclut-il.

One Response

  1. Bonjour,
    Je confirme les dirent d’Antony , sur l’abus concernant les prix de certaines sociétés sur la bourse de fret qui profite du manque de boulot pour nous faire des prix hors marché ou l’on peu pas rentabiliser
    notre chauffeur et notre véhicule, les destinations proposés sont souvent aussi ou il y a très peu de rechargement sur place et lorsque votre véhicule doit rentré on a pas le choix que de prendre à des prix qui sont vraiment bas
    De plus il faut savoir que des sociétés ou l’on livre, nous considère comme des contaminés d’office venu de je sais ou, pas douche, pas de toilette, pas de café alors que l’on est comme tout le monde, tous les matin c’est la règle des 3 C (café,cigarette,caca) un peu d’humour ! .
    Il y en marre d’être toujours considéré comme des tordus, et avec des ratios de basse classe !
    Il faudrait remettre certaine choses sur les rails, mais aussi que tous on soit sur la même longueur d’onde !!!!

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