Les bienfaits de la mutualisation selon Irizar
Le constructeur Basque espagnol Irizar s’est, depuis longtemps, fait un nom dans l’univers de l’autocar et de l’autobus. Après avoir présenté à Solutrans 2023 la deuxième génération d’Irizar ie Truck électrique, voici le modèle à pile à combustible. Une exclusivité trm24.fr.
Irizar, dans le monde du camion, c’est encore un nom peu connu. Pourtant la marque Basque espagnole est une des références européennes dans l’univers de l’autocar et de l’autobus. Au début des années 2010, Irizar a créé une filiale dédiée aux autobus électriques : Irizar eMobility.
Mais des opportunités de transfert de technologies sont apparues vers le camion. La première génération a été lancée en 2018 et pensée en deux variantes : tout électrique ou hybride bi-mode, le moteur thermique assurant le roulage hors périmètres urbains. Irizar eMobility renouvelle son camion en 2023, profitant de l’optimisation de la chaîne de traction (toujours partagée, mais reparamétrée) des autobus de la marque. Un modèle qui eut droit à une présentation en avant-première lors du salon Solutrans 2023 (voir https://www.trm24.fr/lemag-16-est-en-ligne/ ) . Ce porteur 2 essieux est disponible via Irizar France et peut disposer de points de service agréés Irizar eMobility en France (principalement en région parisienne, autour de Marseille, à Orléans, Bayonne, Le Havre, Strasbourg ou Amiens).
La variante 6×2 à hydrogène conserve l’ancienne cabine et surtout son panneau arrière qui trouve sa pleine et entière justification dans le cas du modèle à pile à combustible. Dans l’espace initialement dévolu au moteur thermique, on trouve désormais les quatre réservoirs à hydrogène, ce qui représente 20kg de gaz embarqué (sous 350 bars de pression) plus la pile à combustible. Ce modèle, au stade de la preuve de concept, effectue des tournées pour différentes collectivités et entreprises faisant de la collecte d’ordures ménagères. Les premiers tests clients à grande échelle sont envisagés pour début 2025.
Du transport de passagers au camion, il n’y a qu’un pas
Irizar eMobility n’est pas allé loin pour ses composants : il a repris ceux de son programme d’autocar à pile à combustible, révélé à Busworld 2023. Un des enjeux était de disposer d’une autonomie péri-urbaine significative, tout en étant « zéro émissions » à l’utilisation malgré une activité très énergivore (ici la benne à ordures ménagères).
Pour atteindre les 200 km d’autonomie effectifs au travail, Irizar eMobility a retenu une seule pile à combustible de 100kW (fournisseur non évoqué, ce sujet étant très ouvert du fait de l’arrivée de nouveaux acteurs comme EKPO, Forvia, Symbio, etc) et un pack de batteries de seulement 60kWh de capacité. Originalité, ce pack repose sur une électrochimie Lithium-ion Oxyde de titane (LTO).
Deuxième singularité, les cellules sont assemblées en pack par Irizar eMobility dans son usine d’Aduna. Pour cette BOM, les ingénieurs ont cumulé les difficultés : empattement court de 3300 mm (le choix pouvant ensuite se porter sur 3500 mm ; 3700 mm ; 3850 mm ; 4000 mm et 4500 mm) et dégagement complet du longeron côté droit pour intégrer le chargeur latéral. Le couple moteur en crête est de 3600Nm pour une puissance au démarrage de 236kW. Vu les vitesses atteintes (ici limitée à 80km/h), Irizar n’a pas eu recours à une boîte de vitesses comme sur l’autocar de grand tourisme H2. L’essieu avant est à 9 tonnes de capacité (d’où les pneumatiques 385/55 R 22.5) et la suspension pneumatique intégrale. Le tandem arrière combine essieu directionnel (8 tonnes) et pont moteur de 13 tonnes techniques (le tout chaussé classiquement en 315/70 R 22.5, monte jumelée sur le pont moteur).
Ce qui frappe le plus est l’accessibilité à la cabine : le seuil étant à 370 mm du sol. Le tout en plancher plat intégral sans aucune marche intérieure, bien mieux que le concept Oxygen de Renault Trucks. Le conducteur est en surélévation via un podium, ce qui accroît son champ de vision, déjà favorisé par la cabine basse aux grandes surfaces vitrées. Deux ripeurs peuvent s’assoir à côté du conducteur. La largeur et l’accessibilité sont vraiment deux spécificités marquantes. Seule la longueur paraitra limitée, surtout en comparaison de l’ie Truck 2ème génération. Mais on a pu régler notre siège convenablement malgré tout.
Les accélérations sont franches et séduisent par leur linéarité. Précisons que le véhicule était vide, mais sa carrosserie est suffisamment lourde pour conférer un comportement normal. La maniabilité (sujet fondamental pour une BOM) est très bonne, et l’absence de mats de rétroviseurs, remplacés ici par de discrètes caméras (d’origine Vision Systems) facilite le passage dans les rues étroites. La direction ne nous a pas convaincus : l’assistance électro-hydraulique est très bien tarée et restitue un bon ressenti de l’adhérence, ce qui est très bien. Par contre, le filtrage des cahots a été franchement décevant, chaque irrégularité de la chaussée étant fidèlement remontée dans les mains du conducteur.
Héritage du bus, il n’y a pas de levier de ralentisseur, toute la régénération au freinage se pilote au pied, en mode freinage coopératif. Le résultat demeure très convaincant et, là encore, on apprécie la grande linéarité des décélérations et freinages.
Ultime détail insolite : trois boutons servent à choisir le pilotage de l’énergie à bord : E comme 100% électrique. H pour la seule activation de la pile à combustible et T pour le fonctionnement combiné en tandem des deux sources.
Face à la profusion de communications de la part d’autres acteurs s’intéressant aux camions de livaisons urbaines, la discrétion d’Irizar eMobility ne cesse de surprendre : le modèle, bien qu’étant ici un prototype (contrairement au 4×2 tout électrique), apparaît très mature.
En savoir + en photos
Ça peut (aussi) vous intéresser
pastre@trm24.fr
- Symbio et Wrightbus associés dans un projet de l’Advanced Propulsion Centre anglais - 5 septembre 2024
- Volvo lance le FH Electric d’une autonomie de 600 km - 4 septembre 2024
- Immatriculations : les cars et bus n’ont pas manqué leur rentrée - 4 septembre 2024
