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Discours de clôture du Congrès OTRE : Une convergence de ras-le-bol (Aline Mesples)

Le 18è Congrès national de l’OTRE vient de s’achever sur un constat d’inquiétudes de la part de l’organisation et des transporteurs adhérents présents au stade Ernest Wallon de Toulouse. Aline Mesples n’a pas caché l’incertitude qui animait actuellement le secteur du transport routier. Elle n’a pas hésité à parler de « convergence de ras-le-bol » et a annoncé que l’OTRE se tenait prête à des actions si cela était nécessaire. L’organisation exige par ailleurs la négociation d’un accord de transition énergétique dans le transport routier de 2019 à 2022.

Lors de son discours de clôture, Aline Mesples a parlé de « contexte tendu où se manifeste ce que l’OTRE a appelé une convergence des ras-le-bol. Convergence qui dépasse le seul cadre des professionnels de la route que nous sommes. » La présidente a évoqué de nombreuses « transformations » auxquelles le secteur était confronté : « Les PME du transport routier sont face aux e-transformations et face à d’immenses défis sociétaux, économiques et sociaux. » Elle est revenue sur la concurrence déloyale : « Nous sommes face à nos concurrents européens qui pillent le marché français en ruinant le pavillon français et qui agissent dans une forme d’impunité face à une absence de volonté politique de contrôles alors même que les outils législatifs existent. »

La présidente de l’OTRE n’a pas épargné le gouvernement qu’elle accuse de ne pas « accompagner le secteur » : « Il peine à nous protéger, et ne fait qu’accentuer les contraintes punitives notamment au nom de l’environnement ou de la sécurité routière. » Concernant la surtaxation à venir, Aline Mesples a lancé un avertissement à l’Etat : « La remise en cause, aussi minime serait-elle, du remboursement partiel de la TICPE aux entreprises du transport routier, constituerait, je l’ai dit, le franchissement d’une ligne rouge que l’OTRE n’acceptera pas. Le principe même du système doit être sanctuarisé. » Elle a abordé l’épinieux dossier de financement des infrastructures : « Le transport routier tout comme l’ensemble des usagers de la route s’acquittent déjà de 40 milliards d’euros (hors TVA et hors péages autoroutiers) de taxes, redevances ou prélèvements divers (dont 7 milliards pour les seuls poids lourds). Or, ce sont seulement 33% de ces recettes qui sont investis dans l’entretien des routes. »

Sur le projet de vignette poids lourd, Aline Mesples a rappelé que son organisation souligne « la pertinence de la mesure à l’égard notamment du fait que les poids lourds étrangers utilisateurs contribueraient enfin aux financements de nos infrastructures, elle ne peut l’accepter qu’à la seule et unique condition d’un isocoût pour les entreprises françaises. »

Pas de mouvement pour l’instant. L’OTRE n’appelle pas à l’action samedi prochain (17 novembre), la présidente a rappelé sa position : « Pour l’OTRE, il est hors de question de se lier à une action dont on ne connaît pas ou peu les organisateurs ni les buts affichés. C’est également pour nous une question de responsabilité car sur le fond les revendications des professionnels routiers ne sont pas les mêmes que celles de ces citoyens qui se mobilisent. » Mais Aline Mesples a averti : « Si l’OTRE n’appelle pas à manifester ce 17 novembre, elle ne dit nulle part qu’elle ne recourra pas à des manifestations plus visibles y compris par des blocages ciblés, organisés et structurés comme elle a su le faire à huit reprises lors des mouvements anti Ecotaxe » ajoutant qu’elle avait prévenu « personnellement » Elisabeth Borne, la ministre des transports.

Plus tôt dans la journée, Jean-Marc Rivéra (photo), secrétaire général de l’organisation, avait révélé que plusieurs secteurs dont le BTP et les agriculteurs avaient contacté l’OTRE ; « Des choses vont s’enchaîner » a-t-il ajouté sans apporter davantage de précisions. Ce dernier est revenu sur les discussions avec le ministère des transports sur la « contribution du transport routier » dans le financement des infrastructures. « La négociation a été plutôt un débat contradictoire et non pas un échange pour savoir comment être taxé ». Plusieurs transporteurs présents ont déclaré être très inquiets sachant que « les négociations avec les clients ont lieu une fois par an et ont déjà débuté sans connaître le périmètre 2019 ». Par ailleurs, concernant les NAO 2019, Laure Dubois, secrétaire générale adjointe de l’OTRE, a précisé que « rien ne devrait sortir des premières négociations avant janvier prochain ».

Toujours lors de son discours de clôture, Aline Mesples a qualifié « l’offre à l’alternative au diesel loin d’être effective » soulignant à titre d’exemple que « les véhicules de transport de personnes classés en catégorie 5 n’ont même plus le droit de circuler dans Paris ». Elle a rappelé que « la branche transport est sans aucun doute celle qui travaille et coopère le plus à la transition énergétique ! Et ce depuis longtemps. »

En conclusion de son discours, la présidente de l’OTRE a formulé des propositions urgentes destinées au gouvernement dans la perspective et avant même l’instauration d’un carburant professionnel à compter du 1er janvier 2020 :

– Qu’au titre de l’année 2019, un acompte soit versé aux entreprises en début de chaque semestre sur la base du semestre précédent. Cette mesure provisoire serait de nature à solutionner les avances de trésorerie importantes que les entreprises supportent,

-Que l’indexation du carburant soit étendue désormais à l’ensemble des professionnels de la branche du transport routier de personnes comme de marchandises. C’est une mesure de justice et d’équité pour toutes celles et tous ceux dont le métier est de vivre et de faire vivre de leurs activités professionnelles. Pour se faire, le rôle et les moyens du CNR doivent être renforcés afin de lui permettre d’élargir son champ de compétence en proposant de nouveaux indices de référence.

Enfin, Aline Mesples demande « la négociation d’un accord de transition énergétique dans le transport routier de 2019 à 2022, qui devra être renégocié dès la fin de l’année 2022, pour le quinquennat suivant (2022 à 2027) ».

Le 18è congrès de l’OTRE se tenait à Toulouse, région de transit pour de nombreux poids lourds. Plusieurs représentants se sont exprimés durant l’après-midi de débats dont le maire de Toulouse et président de la métropole de Toulouse, Jean-Luc Moudenc (photo), qui a livré sa position sur le secteur : « Le transport routier est irremplaçable. Il joue un rôle central. Certes, nous souhaitons tous des évolutions techniques pour des camions plus propres, mais il faut savoir que ces évolutions ont déjà commencé et ne datent pas d’aujourd’hui. » L’élu local a déclaré être « défavorable au principe de péage urbain ». « Ce n’est pas une bonne réponse pour des villes comme Toulouse. C’est un outil intéressant pour des capitales de pays mais pas adapté pour des capitales régionales ».

Revoir l’interview de Aline Mesples, présidente de l’OTRE

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