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EDITO de Hervé Rébillon : hydrogène, le train plus vite que le camion

Il y a encore un an, on prédisait que le développement des véhicules à pile à combustible et hydrogène passerait par les poids lourds, aujourd’hui il en est moins certain. Il semblerait que, soutenu par le pouvoir exécutif, le train aille plus vite que le camion. Il faudra attendre encore un peu (2 à 3 ans) pour les véhicules lourds.

En effet, les premiers trains à hydrogène circuleront en France d’ici quelques mois sur une vingtaine de kilomètres entre Auxerre et Laroche-Migennes, dans l’Yonne. L’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est et l’Occitanie vont emboiter le pas à la Bourgogne-Franche-Comté et vont profiter d’un contrat-cadre existant pour acheter des rames « hydrogènes » auprès d’Alstom et la SNCF. Les contrats doivent être signés dans la semaine. L’Allemagne a été le premier pays européen à lancer des trains à hydrogène en 2018 avant la France.

La technologie de l’hydrogène pour les poids lourds avance à grand pas, certes, mais, malheureusement, contrairement aux autres modes de transport, elle ne devrait pas être mise en application avant deux à trois ans. Malgré les grandes annonces des constructeurs, aucun camion à hydrogène, ou du moins aucun prototype, ne sera présenté cette année. « Il est trop tôt » lancent discrètement les maisons mères.

Pourtant, les projets en la matière ne manquent pas. Bien au contraire. Tous les constructeurs de poids lourds historiques ont présenté leur projet « industriel » et certains leur feuille de route. Tout est dit. Daimler et Volvo, pourtant concurrents, se sont même associés pour produire des piles à hydrogène pour poids lourds dans le cadre d’une entreprise commune valorisée à 1,2 milliard d’euros. Concrètement, on voit que l’enjeu de fabriquer des piles est primordial avant même le véhicule.

Tesla tarde à présenter son Semi électrique puis à pile à combustible. La marque coréenne Hyundai a loué à des transporteurs suisses sept XCient Fuel Cell, des 36 tonnes capables de parcourir 400 kilomètres à pleine charge, grâce à des réservoirs pouvant stocker jusqu’à 32 kilos d’hydrogène. Mais à dire qu’elle passera le cap de la production en série, rien n’est sûr. Pourtant, les prouesses techniques sont là. Le Xcient promet une autonomie de 1 000 kilomètres à horizon 2030. Une aubaine.

Nikola est probablement le projet le plus avancé avec Hyundai. La startup américaine s’est associée à Iveco pour faire rouler son camion à hydrogène d’ici 2023. Malgré ses soucis judiciaires, la jeune société a la cote … en bourse. Ce qui montre aussi l’intérêt de la sphère économique internationale sur l’application de l’hydrogène dans le secteur du transport routier. C’est déjà acquis. Les camions à hydrogène circuleront.

Michelin a fait de l’hydrogène une priorité avec une première application au transport routier. L’équipementier français a créé Symbio, une coentreprise de piles à combustibles avec l’équipementier Faurecia. Michelin estime que la pile à combustible offre une autonomie comparable à celle d’une mécanique diesel.

Alors que le gouvernement encourage le ferroviaire, le train à hydrogène arrive en France, il n’accompagne peu ou mal le transport routier. C’est là que le bât blesse. Il manque une impulsion certaine de l’Etat français pour les poids lourds à hydrogène. Les aides financières ne suffisent pas. Les trains et les avions peuvent attendre …

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