EDITO HERVE REBILLON

2019, grande année d’incertitude pour le TRM

Certes, les transporteurs et les salariés du transport routier de marchandises auraient bien eu envie de commencer l’année avec optimisme mais les projets du gouvernement qui s’annoncent ne sont guère de bon augure. Sur fond de flou artistique, tout devrait être remis en question : la fiscalité, la formation, la rémunération et les retraites. On s’oriente vers ce que l’on appelle une refonte totale du secteur qui aura un coût probablement fatal pour un grand nombre d’entreprises de transport dont la majorité (on ne cesse de le répéter) sont de petites structures, donc très vulnérables. Et le mouvement des gilets jaunes est peut-être le coup de marteau de trop.

Commençons par les NAO. Comme chaque année, les organisations syndicales essaient de faire augmenter les salaires des conducteurs routiers, non sans mal, dont les plus bas coefficients sont désormais en dessous du taux horaire du Smic : 9,92 euros pour les 110M au 120M contre 10,03 euros pour le Smic 2019 ! Et nous ne sommes pas loin d’un taux horaire proche pour les coefficients les plus élevés (150M) qui est toujours à 10,21 euros. Les négos s’annoncent donc difficiles d’autant que le patronat risque bien de jouer sur l’effet de la désocialisation et de la défiscalisation des heures supplémentaires pour proposer une hausse discrète des salaires.

Concernant le coût du gasoil qui rappelons-le est essentiel pour le secteur, voire vital pour faire rouler les camions, les entreprises se sentent balader par le gouvernement. Pendant pratiquement toute l’année 2018, la menace d’un vignette poids lourd a entraîné une crainte de plus en plus grande dans la profession pour, au final, rien. 2019 ne s’annonce pas mieux. Une chose est sûre : Elisabeth Borne, la ministre des transports doit trouver à partir de 2020 un financement annuel de 500 millions d’euros pour les routes et, si ce n’est pas la vignette, ce sera un autre mode dont les payeurs seront bien les transporteurs. Rappelons-nous la petite phrase de la ministre : « le transport routier contribuera au financement des infrastructures ».

Plus généralement, à juste titre, les transporteurs craignent de nouvelles taxations alors que le gouvernement semble avoir oublié le rôle de la taxe à l’essieu vieille de 50 ans : elle sert à financer devinez quoi : « les infrastructures » !

Des camions plus chers. Les transporteurs vont devoir sortir plus d’argent de leur trésorerie d’ici quelques mois. Si les objectifs de CO2 pour les poids lourds d’une réduction de 30% d’ici 2030 sont validés, les constructeurs n’auront pas le choix que de produire des camions encore plus propres et d’étendre les solutions alternatives (gaz, électrique) à l’ensemble des véhicules. Bruxelles a préconisé un objectif intermédiaire de 15% d’ici 2025, en clair demain. Et, ne l’oublions pas, les camions qui seront présentés d’ici deux ou trois ans sont pensés aujourd’hui. Autrement dit, les nouveaux modèles de 2022-2025 sont déjà bien avancés. Comme l’a souligné dernièrement l’ACEA, « la loi à venir aura un impact énorme sur l’avenir de l’industrie des véhicules utilitaires lourds. » Le Parlement aura le dernier mot et devrait se décider d’ici quelques semaines, en espérant qu’il n’augmentera pas les objectifs. Les transporteurs vont faire leur calcul. Si renouveler leur parc roulant coûte plus cher, c’est autant d’argent à sortir et c’est moins de marge. Et ce n’est pas dit qu’ils renouvelleront plus souvent leurs camions car beaucoup trop onéreux.

Bref, que ce soit du côté des salariés et de celui des patrons, 2019 s’annonce bien incertaine. D’autres domaines risquent d’être réformé comme la retraite avec une mort annoncée du CFA. Reste à savoir si le gouvernement proposera des mesures d’urgence pour les entreprises de transport mises en péril par les gilets jaunes. Là encore, rien de certain. De quoi jouer défavorablement sur le moral du secteur du TRM.

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