EDITO HERVE REBILLON

Les partenaires sociaux ont-ils les moyens de faire grève ?

Les fédérations patronales et les syndicats le craignaient même s’ils ne l’avouaient pas. Et les premiers camions à manifester n’ont pas été du fait d’un mouvement lancé par eux mais bien de l’initiative individuelle de conducteurs routiers adhérents à aucune organisation.

Les temps changent et tant les fédérations patronales que les syndicats de salariés roulants risquent bel et bien d’être dépassés. Certains diront qu’à force de jouer la prudence, les représentants vont payer une addition salée à quelques mois du renouvellement de représentativité. D’autres relativisent en déclarant que c’était la meilleure et seule position responsable à avoir de la part d’organisations professionnelles. Ce qu’elles ont clairement dit dans des communiqués communs.

Mais in fine, les fédérations et les syndicats ont-ils réellement les moyens de faire grève, de lancer des mouvements comme au bon vieux temps ? Rien n’est vraiment certain pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, aucune organisation n’est épargnée par les conflits en interne (guerre d’ego et de succession, division politique, …) laissant peu de places à la mise en place d’un mouvement sérieux. Les avis sont (très) partagés sur l’envie de lancer un mouvement avec, au final, aucun consensus possible.

La donne politique à changer. Je me souviens encore des mouvements des années 90 quand les « leaders » de fédérations allaient visiter, en toute discrétion, le premier ministre voire le chef de l’Etat pour faire valoir la « cause » de la profession. C’est un temps révolu. Les hommes et les femmes à la tête des organisations ont changé, les modes de fonctionnement aussi et on ne côtoie plus le politique comme au siècle dernier.

Cette mobilisation citoyenne sans précédent est un tournant pour les secteurs toute activité confondue et à commencer pour le transport routier. Leurs représentants vont devoir revoir leur mode de communication et leurs stratégies. Lancer un mouvement après celui des gilets jaunes et l’action de routiers va être difficile pour le patronat. Le gouvernement le sait bien et risque de faire passer la vignette poids lourd rapidement et sereinement.

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