EDITO HERVE REBILLON

Retour d’un géant, le T100

Le géant du désert est de retour. 62 ans après sa montée sur Paris pour le salon de l’automobile, le T100 a élu domicile pour quelques jours à Rétromobile. C’est à la fois un fantastique hommage rendu à ce monstre des sables et à l’industrie du véhicule industriel français, et tout particulièrement à Paul Berliet. Et cet hommage est extra-ordinaire car vivant.

Les passionnés de camions sont comblés. Certes, les privilégiés ont déjà pu admirer ce monstre dans les entrepôts du Montellier près de Lyon, cette fois le grand public pourra contempler quelques jours un pan de l’histoire de notre industrie. Et cette remontée dans le passé avait débuté il y a une semaine. Comme en 1957, le T100 a traversé des dizaines de villes et de villages. Son convoi pour l’acheminer porte de Versailles fut aussi exceptionnel. C’est la société Premat qui a eu la lourde et fantastique mission. Quatre jours et trois nuits ont été nécessaires pour parcourir les 500 kilomètres de routes départementales, car le T100 reste encore aujourd’hui un véhicule géant ! Et, à chaque fois, à voir les photos et vidéos postées sur les réseaux sociaux, comme il y a 62 ans, jeunes et moins jeunes ont été charmés et émus par ce géant. Quelle belle initiative.

J’ai eu la chance d’interviewer il y a plusieurs années Paul Berliet pour la réalisation d’un film sur le T100. Il m’avait confirmé qu’il avait eu l’idée de concevoir un tel véhicule en décembre 1956 pour la recherche de pétrole alors qu’il survolait le Sahara à bord d’un avion. En quelques semaines seulement, le vaisseau du désert est construit et est la vedette, 10 mois plus tard, du salon de l’automobile au Grand Palais à Paris. Là encore, un exploit. « Le succès rencontré par le déplacement et l’exposition du T 100 fut stupéfiant. C’était comme si tout un peuple était fier de l’audace technique, du grand dessein et du « souffle » de la « marque à la locomotive » avait déclaré à l’aube de l’an 2000 son créateur.

Les qualificatifs ne sont pas assez nombreux pour présenter le T100. Ce fut avant tout un projet titanesque, un projet à grande échelle. Toutes ses caractéristiques sont hors normes : 5 mètres de haut, 5 mètres de large, 15 mètres de long pour un poids de 50 tonnes et une puissance de 700 ch ! Qui dit mieux. Le véhicule était en avance sur son temps. Il est doté d’un moteur turbo compressé et de freins à disque d’origine aéronautique. « C’est l’affirmation du génie visionnaire de Paul Berliet » résume, à juste titre aujourd’hui, Monique Chapelle de la Fondation Berliet.

Ce séjour du T100 à Paris est avant tout une véritable récompense pour tous ceux qui entretiennent la mémoire de la marque Berliet et on citera en premier lieu Monique Chapelle qui travailla aux côtés de Paul Berliet et Philippe Brossette, président de la Fondation et petit-fils de Marius Berliet.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *