EDITO HERVE REBILLON

Blocages du 17 novembre : une occasion (pas) manquée

Ne pas s’associer au mouvement du 17 novembre n’est-ce pas une occasion manquée pour le transport routier ? Les avis sont partagés. En premier lieu, sans doute à juste titre, les fédérations patronales ne souhaitent pas rejoindre cette riposte citoyenne. On ne mélange pas les torchons et les serviettes. Quitte à décevoir ceux qui rêvaient déjà de voir un grand mouvement populaire bloquer la France.

En fin de semaine dernière, chez les fédés, le mot d’ordre était de ne pas aller s’exprimer sur les plateaux télés. Ce qui a suscité une certaine confusion en interne entre ceux qui voulaient « parler » et ceux qui préféraient rester silencieux. Mais résultat des courses : les médias ont confondu et ont cru que les « routiers » (confondant encore salariés et patrons du transport !) souhaitaient rejoindre le mouvement. Une explication de texte aurait été préférable. Seule, Catherine Pons de l’UNOSTRA est montée au front et a su expliciter les raisons de l’absence probable du patronat transport routier le 17 novembre.

D’un côté, nous pouvons comprendre les fédérations. Leur message risquerait d’être noyé dans le flot des revendications des citoyens même s’il s’agit aussi d’une surtaxation à tout va. Mais, comme me le confiait récemment un responsable de fédé, le ministère des transports ne serait que ravi que les transporteurs routiers rejoignent le mouvement. Et l’OTRE a raison quand elle dit qu’il est difficile de se lier à une action dont on ne connaît pas les organisateurs. Ce serait risqué en effet en cas de débordements. Question de responsabilités et plus encore car sur le fond les revendications ne sont pas précisément les mêmes.

Mais, pour la petite histoire, et ça prête à sourire, les auteurs de ce mouvement du 17 novembre ne sont pas étrangers au monde de la route et du transport : ce sont deux conducteurs routiers de Seine-et-Marne ! Ils ont eu l’idée de lancer ce mouvement en discutant au téléphone un soir de leur raz-de-bol de payer de nombreuses taxes … pour leur voiture et non pas pour leur outil de travail, leur camion !

Il y a malgré tout un (gros) risque à ne pas vouloir s’unir au mouvement citoyen. Que les fédérations siégeant tous à Paris ne soient débordées par la base. Je ne cesse de le rappeler : la plupart des 38 000 entreprises de transport en France sont de petites et moyennes structures. Adhérentes ou non à l’une des fédérations, elles pourraient mal réagir au silence de celles qui sont censées les représenter et pourraient vouloir participer aux actions du 17 novembre ou bien avant. Les nombreux messages sur les réseaux sociaux en témoignent. Des entreprises de transport ont décidé en Haute-Savoie de rejoindre cette semaine des sociétés du BTP pour une opération escargot. Car, au fond, même si ce ne sont pas des problèmes identiques, toutes s’accordent sur une grogne générale.

Au final, le 17 novembre, il y a fort à parier que de centaines de camions seront à l’arrêt mais cette fois par la force des choses. Et qui sait, de nombreux routiers iront manifester en voiture. Ce ne serait pas la première fois puisque, depuis plusieurs années, de peur de voir leur permis poids lourd confisqué, les professionnels de la route manifestaient au volant d’une voiture. Mais est-ce la forme du mouvement qui importe ou le fond ?

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