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Episode 4. Ma vie au Moyen-Orient au volant d’un camion

Nous retrouvons, comme pendant tout cet été, Jean-Louis Delarue, notre routier qui fut partie de ces lignards du Moyen-Orient. Lors des premiers épisodes, Double-Mètre (son nom de route) a raconté ses souvenirs de début de carrière chez Stouff et ses premiers voyages au Moyen-Orient. Nous nous étions arrêtés à la frontière de la Yougoslavie.

Souvenirs de Yougoslavie

Cherby et moi, nous avons dû apprendre à connaitre cette douane. Autant du côté italien cela avait été simple, autant du coté Yougoslave, cela devenait ardu d’autant plus que devions respecter certaines règles propres à ce pays. De plus un autre problème se posa : la langue Nous devions comprendre la marche à suivre, donc nous nous sommes adressés à un chauffeur de ce pays, qui nous dirigea, dans notre périple douanier. Il nous fallait aussi payer la taxe routière, qui s’élevait à plusieurs dizaines de francs, puis à effectuer un change, pour nos dépenses, gas-oil, repas et autres dépenses (PV).

Pour sortir de la douane, il nous fallait aussi passer sur la bascule pour savoir si le poids de la marchandise indiquée sur nos carnets de T.I.R correspondait bien. Nous étions dans un pays où la méfiance était de mise. La fouille de nos cabines fut très minutieuse, et comme nous n’étions pas encore aguerri au pratique de ce pays, nous n’avions pas pris de mauvaises habitudes. La Yougoslavie nous a réservé bien des surprises, mais du temps du chef suprême « TITO », nous roulions presque tranquille, hormis les lois routières, limitation de vitesse à 60 Kilomètres, nous avions à cette époque des camions qui avaient beaucoup d’avance théologiquement sur les camions qui roulaient sur les routes de ce pays. Nous devions donc adapter notre conduite, cela ne nous empêchaient pas de rouler rapidement avec parfois la police qui nous contrôlait et naturellement nous dressait de procès-verbaux très souvent sans aucune raison sinon que celle que nous étions des français et donc des coupables de non-respect des lois routières de ce pays. Ils n’avaient pas tout à fait tort.

La police motorisée, l’était avec des Zastava voitures qui étaient en réalité des Fiat 600 mais aussi avec des 124 p. Les routes ou plutôt la route était très dangereuse, pour plusieurs raisons : la <Smidovitch> en tout premier lieu, mais aussi l’état de la route qui était par endroit très dégradée. De plus un autre problème : celui de la circulation, elle n’avait que deux voies, sur 980 kilomètres qui nous séparaient de l’autres pays la Bulgarie. Mais encore des 1250 kilomètres qui nous séparaient de l’autre pays, la Grèce. Cette route avait un nom si ma mémoire est fidèle, c’était la Stretan Put dans le début des années 1972. Elle était considérée comme la route le plus dangereuse du continent européen avec d’après les statistiques un mort par mètre. Voila pour la présentation routière simplifiée.

Nous sommes de sortis de la douane, vers 14 heures, et nous avons pris la route vers Ljubljana. Nous roulions sur cette route transalpine, qui nous conduisait vers une route où la neige tombait à gros flocons. Nous avons, par la force des choses, respecté les limitations de vitesse, et même un peu en dessous. Et nous n’avons pas croisé de Milicija. Nous avons roulé jusque Ljubljana et nous sommes restaurés dans un restaurant qui nous a proposé un Mixed Grill, mélange de viande avec des gros cornichons. Nous nous sommes régalés. Pendant le repas, nous avons retracé le parcours de la journée, et je reconnais que nous étions assez fiers de l’avoir réalisé sans problèmes majeurs.

Le lendemain matin, le monde autour de nous était devenu tout blanc. La circulation était ralentie par la neige qui continuait à tomber. Deux coups dans la portière, m’avertir que Cherby, était debout, je lui ouvris et il était devenu plus blanc que blanc. Il me demanda ce que j’en pensais, ma réponse le surpris, je fais le café et nous déjeunons.

Nous ne pouvions faire que de courage, mais il fallait avoir le ventre plein. Des années plus tard, lors d’un voyage vers l’Irak, nous étions partis à cinq ou six camions dont un quatre roues de la société Carry International. Au volant, il y avait un jeune chauffeur, auquel nous avions donné quelques obligations en cas de neige, voire de verglas. Comme de bien entendu, il conduisait bien tout en restant un peu fougueux, et naturellement il décida de doubler le convoi que nous formions, de plus nous roulions calmement du fait du verglas et aussi de la neige. Et ce qui devait arriver arriva, il fit une embardée en glissant, il réussit malgré tout à tenir son camion sur la route, et il s’immobilisa juste devant une voiture de la Milicija. Les policiers ne manquèrent pas de nous arrêter tous et de nous verbaliser, pour des excès de vitesse illusoires. Jean Yves, ce jour-là manqua de prendre ma main dans le visage. Quand nous pûmes repartir, il reprit sa place derrière nous et encore ce jour il se souvient de cet incident, il est toujours au volant et bonne route à lui.

Nous avons pris notre café, puis nous avons pris la décision de partir de notre parking vers Zagreb en espérant que la neige cesserait de tomber plus en avant. Malheureusement ce ne fut pas le cas, la route vers Zagreb était plane et nous pouvions rouler sans chaines, tout en faisant attention tant à la fois dans notre conduite mais surtout en surveillant les véhicules venant de face. Quelques kilomètres avant Zagreb, la route venant de Maribor, venait se joindre à celle sur laquelle nous roulions. L’hiver, cette route était suffisamment tranquille, ce qui n’était pas le cas l’été.

Sur cette route nous avons vécu les événements qui ont vu la dislocation de la Yougoslavie en un nombre de république. En sortie de la Douane de Fernettici, nous rencontrions sur la route des chevaux de frise qui étaient souvent accompagnés par des militaires qui faisaient la guerre en attendant les autres envahisseurs qui étaient leurs anciens amis. Cela nous créait beaucoup de problèmes et nos employeurs de l’époque nous faisaient passer soit par le bateau au départ d’Ancône ou de Venise ou de Koper ou de Bari voir de Brindisi.

Je reviens à cette époque du début, Cherby devant moi qui apprenait tout autant que moi menait doucement son ensemble. La route était en certains endroits très verglacée et nous n’avions pas le courage d’équiper l’ensemble de chaîne. Nous passâmes Zagreb et nous sommes arrivés une cinquantaine de kilomètres plus loin sur un parking qui est devenu mythique pour nombre d’entre nous, « le platane » ou le « chêne » suivant l’interprétation de nos connaissances dans le domaine des arbres. Pourquoi ce nom, la cause : un arbre poussait dans le hall d’entrée du restaurant. Nous avons par la suite eux sur ce parking bien des crises de rires, car nous avons assisté à des scènes mémorables qui sont restées gravées dans nos mémoires.

Jean-Louis Delarue

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