Déjà pas très en forme, la filiale de la société ferroviaire française Fret SNCF est visée par une enquête de Bruxelles. En cause : les aides apportées par sa maison mère. Et la somme que Fret SNCF pourrait devoir rembourser est colossale : 5,3 milliards d’euros. De quoi mettre à terre la filiale de la SNCF. En résumé, la commission européenne jugerait illégale l’aide apportée par la SNCF de 2007 à 2019 à sa filiale Fret.
Les partisans d’un monde du transport vert « sans camions » se disent stupéfaits par la décision de Bruxelles de lancer une enquête alors que Fret SNCF se remet tout juste d’une crise du COVID sans précédent et qu’elle a toujours été (ou presque) déficitaire (sauf ces deux dernières années).
« Ce serait un scénario catastrophique. Si on démantèle le Fret et notamment notre entreprise, cela veut dire qu’il y aura plus de camions sur nos routes et donc indirectement plus de CO2″, n’hésite pas à déclarer Karima Delli, présidente de la commission transports et tourisme au Parlement Européen, qui n’a jamais défendu le transport routier de marchandises.
Un dossier embarrassant pour le gouvernement
Face à ce rebondissement, Clément Beaune a convoqué dans l’urgence hier la direction mais aussi les organisations syndicales (CGT, Unsa, Sud-Rail et CFDT). Reste à savoir ce que le ministre va proposer à Bruxelles pour préserver Fret SNCF. L’une des solutions possibles serait pour Fret SNCF de céder certains types de trafics ou certains grands clients à la concurrence. De quoi la fragiliser davantage.
Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement et en particulier pour la première ministre Elisabeth Borne qui a toujours souhaité développer le ferroviaire pour verdir le transport de marchandises en France au détriment de la route. Alors que le rail avait péniblement atteint les 10 % de part modale, il restera sans doute encore loin de l’objectif des 18 % à horizon 2030 fixé dans la récente loi « Climat et résilience ». Rappelons que c’est Elisabeth Borne qui a décidé la filialisation de l’activité fret de la SNCF en 2019 alors qu’elle était ministre des transports.
Cette annonce d’enquête tombe mal à quelques jours (mercredi 24 mai) de la présentation par le gouvernement de la feuille de route de la décarbonation des transports, comme nous vous l’annoncions sur TRM24.
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