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Gouvernement : « Nous avons absolument besoin d’un interlocuteur » Florence Berthelot FNTR

Alors que le gouvernement d’Elisabeth Borne a été formé, aucun portefeuille n’a été attribué au transport. La profession le regrette vivement. Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR, a accordé une interview à TRM24. Elle revient sur la réaction des transporteurs et le souhait de son organisation d’avoir au plus vite un interlocuteur pour le transport. La porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, a déclaré hier devant la presse à l’issue du premier Conseil des ministres du gouvernement qu’ « il y aura très certainement de nouvelles personnalités au sein du gouvernement spécifiquement dédiées par exemple aux transports, au logement, sous la supervision de la ministre Amélie de Montchalin, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Et ce, après les législatives.

Quelle est la position de la FNTR sur la non nomination d’un ministère des transports et par là-même d’un ministre délégué ?

Florence Berthelot :

« Nous savions qu’il s’agirait de la nomination d’un gouvernement « pré « législatives ». Nous ne sommes pas très étonnés du fait que ce qui relèverait des ministres délégués et secrétariats d’Etat n’ait pas encore fait l’objet pour l’instant d’annonce officielle. Néanmoins, en termes de reconnaissance de la profession, du rôle que les transporteurs ont joué notamment ces dix dernières années, la perception n’est pas bonne du côté des entreprises de transport. Elles se sentent peu reconnues. Alors que nous avons des sujets importants à traiter dans tous les domaines : transition énergétique, emploi, activité économique avec le problème de pénurie de conducteurs. Nous avons absolument besoin d’un interlocuteur. »

Justement, qui est aujourd’hui l’interlocuteur des partenaires sociaux du TRM ?

Florence Berthelot :

« On ne sait pas trop. On dépendrait du ministère de transition écologique et de la cohésion des territoires, donc de la ministre Amélie de Montchalin. Mais je pense que son cabinet n’est pas encore totalement constitué et c’est le cabinet qui compte. Globalement, ceux qui nous suivent dans la continuité sont les personnes de l’administration des transports. Notre souhait est que le secteur des transports soit reconnu pour ce qu’il est : un secteur essentiel à part entière que l’on ne voit pas qu’à travers le prisme de la seule transition énergétique, où il a un rôle à jouer bien entendu, mais surtout son caractère stratégique dans l’économie. Nous avons pu le voir dans le cadre du premier confinement. C’est avant tout un secteur vital pour la France. Si on devait aller au bout du bout de notre idée, on devrait relever d’un ministère qui ne se contente pas qu’au transport mais qui aborde tous les sujets. Il y a une sorte de transversalité dans tout cela. »

La profession ne craint pas, comme il n’y a pas de ministère de tutelle, d’avoir plusieurs interlocuteurs, autant qu’il y a de ministères ?

Florence Berthelot :

« En réalité, il devrait en avoir qu’un seul : celui de la Première Ministre voire relevé du ministère de l’économie. Si nous devons aller au bout du raisonnement. Clairement, nous avons une cheffe de gouvernement qui connait nos sujets, et dans toutes ses dimensions : transport, emploi, transition énergétique. L’inquiétude de savoir qui va être notre interlocuteur n’empêche pas qu’en dernier rang ce sera toujours le cabinet de la Première Ministre, ou elle-même qui tranchera. Selon nos informations, Elisabeth Borne sait qu’il existe des enjeux importants à venir dans notre secteur. Même si elle le délègue à travers un ou plusieurs ministres, à un moment donné, il y a un arbitrage au niveau de Matignon. »

L’absence d’un ministère de tutelle change la donne concernant la tenue de négociations paritaires ?

Florence Berthelot :

« Non car pour l’instant nous menons nos discussions dans le cadre de notre structure de négociations. La vraie question qui va se poser à un moment donné sera sur certains grands sujets. Où les partenaires sociaux ont effectivement leur mot à dire. La charte pour l’emploi qui est signée doit maintenant être déclinée en opérationnel. Ceci sera traité avec celui qui aura en charge les transports et le ministère du travail. Il y a la question du Congé de Fin d’Activité qui risque de revenir avec la réforme des retraites. Le gouvernement en place doit apporter rapidement des réponses notamment sur son financement. Le dossier sera-t-il traité au niveau transport ou affaires sociales ou de Bercy ? Là encore, on retombe sur un dossier où la Première Ministre risque de se retrouver en première ligne. Aujourd’hui notre système est bâti sur un âge légal de 62 ans. Si ce dernier doit être décalé, ce changement peut impacter la viabilité du CFA. Il y a beaucoup de questions qui sont posées. Il ne va falloir pas attendre trop longtemps après les législatives car ce sont des sujets qui vont être rapidement abordés. »

Il y a une crainte de la profession sur le projet de supprimer le remboursement de la TICPE ?

Florence Berthelot :

« Oui il y a une crainte majeure. Nous savions qu’il n’y aurait pas de rabot de la TICPE en 2022 puisque c’était une année électorale. Nous évoquons la prochaine loi de finances car ils peuvent très bien choisir de raboter la ristourne dès le 1er janvier 2023. Compte tenu de la situation des entreprises de transport, des prix de l’énergie, ce serait très mal perçu. Nous avons donc besoin d’une visibilité sur les projets de transition énergétique et de fiscalité. Nous avons vraiment de gros dossiers à traiter. »

La profession est unie ? On peut imaginer que tous les partenaires sociaux parlent d’une seule voix ?

Florence Berthelot :

« Cette unité existe déjà du côté patronal. Elle est assez partagée aussi du côté des organisations syndicales, chacun ayant cependant ses propres intérêts à défendre bien sûr. La préoccupation de tous est que notre secteur et tous les dossiers soient rapidement perçus et éclairés. Nous devons avoir très vite des interlocuteurs que nous établissions un agenda de travail. Je n’imagine pas un gouvernement qui nous dise : « c’est comme ça et pas autrement ». Car la situation économique et sociale est compliquée aujourd’hui et risque de l’être encore plus demain. »

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