Actu IAA TRANSPORTATION 2022

IAA 2022 : un salon sous haute tension

Des IAA, l’équipe de trm24.fr en a connu un certain nombre. Mais rarement, nous eûmes l’occasion de ressentir l’angoisse, et le vide. Ce dernier était tangible : nombreux halls vides qui, d’ordinaire, étaient occupés par des stands. Il faut dire que le plan du salon n’arrangeait pas les choses et accentuait cet effet sinistre. Certains constructeurs ont fait l’impasse, tant en utilitaires légers qu’en camions lourds.

Le groupe Daimler qui occupait jadis à lui seul un hall entier, se contentait en 2022 d’un stand « comme les autres ». Les autocars Setra, fleurons du groupe Daimler Buses, ont fini exilés sur un parking extérieur.

Etrange exil. Rarement autant d’incertitudes se sont cumulées sur les industriels. Ce ne sont pas tant les carrossiers-constructeurs qui vivent dans l’angoisse que les constructeurs et les équipementiers. Incertitudes autour de l’Euro VII, toujours pas publiée, imposant un jeu d’hypothèses aux motoristes et spécialistes de la dépollution.

Une incertitude qui se joue en milliards d’euros, sinon en millions d’emplois. Les constructeurs « historiques » doivent électrifier en mode accéléré leurs gammes, quitte, comme Volvo Trucks à ne présenter que des modèles 100% électriques à batteries. Ces géants sont défiés par des « marques Ikea» se revendiquant du monde des start-up. Elles puisent allègrement dans le catalogue de spécialistes en électrification (de Ballard à ZF).

Pour ces nouveaux venus, le « coup de com’ » prime sur le fond et rares sont les modèles dûment homologués pour un usage routier. Parfois, la start-up trouve gîte et couvert chez un industriel de « l’ancien monde » à l’image de Nikola avec Iveco qui s’en trouve ragaillardi.

La menace chinoise se précise

La grande naïveté libre-échangiste et libérale doublée de la supposée exemplarité environnementale de l’Union Europénne pourrait bien faire le lit des industriels chinois et américains. Microvast, Proterra mais aussi les acteurs historiques comme Borg Warner, Cummins ou Eaton pour le camp américain n’ont jamais paru aussi puissants. Le camion Tesla a cependant fait long feu et Nikola peut dire merci à Iveco et FPT Industrial.

Ne parlons pas de la déferlante chinoise : aux spécialistes des batteries BYD et CATL viennent s’ajouter des motoristes comme Weichai ou des émanations de constructeurs comme SAIC Maxus et d’autres XCMG. La Chine avance désormais à découvert et n’a (presque) plus besoin d’avancer masquée via des prête-noms appelés Cenntro, Ikarus, Quantron (pour les autobus) ou Valx (pour les essieux). La fée électricité ensorcelle les carrossiers, et surtout, les fabricants d’essieux et de groupes froid que ce soit Carrier Transicold ou ThermoKing, sans oublier Daikin ou Mitsubishi. BPW, SAF Holland, Schmitz Cargobull, Valx sont également sous le charme. Il faut stocker cette énergie et certains spécialistes tels AddVolt sont prêts.

Photo TRM24

Quoi qu’il en soit, l’électrification fait le lit de l’Asie qui contrôle toutes les cellules et les matières nécessaires à la mobilité électrique. Si Volvo Trucks (dont Geely est actionnaire) revendique son camp, nombreux sont les constructeurs à garder deux (DAF, Ford Trucks, MAN et Mercedes-Benz communiquent sur l’électrique mais gardent leurs Diesels), voire trois fers aux feux (cas d’Iveco ou de Scania qui y ajoutent les moteurs GNV voire hybrides). Si Alexander Vlascamp le CEO de MAN, a choisi de ne pas miser sur l’hydrogène, ce n’est pas la position de Daimler qui étudie la pile à combustible avec Volvo Group. Cummins, DAF, les spécialistes BorgWarner, Westport Fuel Systems et Keyou accueillent dans leur club FPT Industrial parmi les entreprises travaillant sur l’hydrogène carburant pour les moteurs à combustion interne.

Pour les carrossiers, on observe deux tendances contradictoires : soit l’apparition de semi-remorques ultra manoeuvrantes à 1 voire 2 essieux où même de gros faiseurs de produits standardisés comme Schmitz Cargobull se laissent tenter. A l’opposé, on voit se multiplier chez Burger, Langendorf et autres Van Eck, des semi-remorques double étage de très grande capacité d’emport. H&W ou Krone ont exposé des EuroCombi 25,25 m et autres dollys tandis que Fliegl et Kögel maximisent les longueurs utiles. Le politiquement correct a vu se multiplier chez les carrossiers les concepts de vélos cargo, traduction dans la « logistique du dernier kilomètre » de l’exploitation de l’Homme par le Smartphone.

Les carrossiers-constructeurs français furent discrets, très discrets et seuls Lamberet, Lecapitaine, Lohr, Magyar, et dans une moindre mesure Benalu, ou Libner (faisant stand commun avec Palkit) ou le fabricant de bennes pour utilitaires JPM ont défendu les couleurs nationales en exposant officiellement à l’IAA 2022.

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