IAA 2018

IAA 2018 : les équipementiers et la carrosserie sous haute-tension

Depuis que les constructeurs ont annoncé leur migration du « tout-Diesel » vers l’électrique pure, l’ensemble de la filière du véhicule industriel doit se convertir. A cela s’ajoutent les aides à la conduite et le chemin vers «la « conduite déléguée ». Ces changements impactent particulièrement les équipementiers mais aussi les carrossiers.

Par Jean-Philippe Pastre

L’IAA2018 est placé sous le signe de la fée électricité. Jusqu’à présent, on en parlait, on voyait des concepts, mais désormais, dans les allées il n’y a pas un équipementier, un fabricant d’essieux ou de systèmes de réfrigération qui n’aie sa solution « zéro pétrole ».

Le Sino-Néerlandais Valx fut le pionnier dès 2014 à montrer un concept de récupération d’énergie par un moteur électrique additionnel placé dans les essieux d’une remorque ou semi-remorque. Il est désormais rejoint par SAF Holland et BPW qui exposent leurs solutions. La tendance touche aussi les purs « mécaniciens » tels que les motoristes Cummins, FPT ou les spécialistes des transmissions et essieux Eaton, ZF, Voith, Allison Transmission, DANA Spicer ou Meritor. Tous sans exception exposent à l’IAA des solutions hybrides ou 100% électriques.

Les fantasmes autour du véhicule autonome, ou plus probablement autour de la « conduite déléguée », alimentent aussi la vague de rapprochements parfois spectaculaires. Ainsi Knorr Bremse a-t-il annoncé un partenariat avec Continental lors du salon IAA2018. Le freinage à pilotage électrique ou brake-by-wire est omniprésent chez Knorr, Wabco et l’italien Brembo. Selon ces équipementiers, l’exposition à l’IAA vise à intéresser les constructeurs afin qu’ils prennent position sur ces développements futurs, forcément coûteux. Mais ils ne devraient pas avoir trop de difficultés à être convaincus : avec le « brake-by-wire » plus besoin de compresseur d’air, de canalisations, valves et autres dispositifs générateurs de fuites. Les temps de réponse sont quasi instantanés et le pilotage des ABS et autres ESB devraient largement en bénéficier. On pourrait aussi voir apparaître du freinage vectoriel (sur le principe des chars d’assaut). L’étendue des possibilités est immense. Tout comme celle de la complexité des obstacles à franchir ! (à commencer par la résistance des servomoteurs et composants éléctroniques aux projections, poussières et rayonnement thermique dans l’environnement des étriers)

Le monde du froid en ébullition. Ne croyez pas que ces évolutions chez les équipementiers laissent les carrossiers de marbre. Certains les attendent, notamment les spécialistes de la température dirigée. On le voit chez Chéreau ou Lamberet, le multiplexage (et son corollaire la semi-remorque communicante avec le tracteur), l’optimisation des masses, sont des sujets d’actualité. Ils sont aux premières loges face aux interdictions qui menacent les camions en zone urbaine. Les gros fabricants de groupes froid ont entamé dès 2016 une vague de rachats : TRS pour Carrier et Frigoblock pour Thermo King. En 2018, ces spécialistes des groupes électriques sont largement mis en avant par leurs nouveaux propriétaires. Ce qui entraîne d’autres révolutions comme l’apparition de spécialistes de la gestion et du stockage de l’électricité comme ADD-Volt ou Mastervolt. Autant de kilos qu’il va falloir gérer à bord des châssis dans la perspective, lourde de menaces fiscales, de Vecto. Ceci explique la pression mise sur les fabricants de pneus pour obtenir le précieux label A en résistance au roulement. A ce jour c’est Goodyear qui, à l’IAA, focalise l’attention avec sa gamme « triple A » pour essieux directeur, moteurs et porteurs Goodyear Marathon Fuel Max Performance.

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