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Edouard Philippe annonce un comité interministériel de la Logistique début 2020

Le Premier ministre Edouard Philippe a reçu cette après midi les conclusions du rapport commandé à Eric Hémar, Président de TLF et Patrick Daher en février dernier « Pour une chaîne logistique plus compétitive au service des entreprises et du développement durable ». C’est sur le site d’ID Logistics à Aulnay-sous-Bois (93) que le locataire de Matignon a visité les entrepôts et a participé à une table ronde avec les professionnels du secteur. Le premier ministre a exposé les premières mesures concrètes. Parmi lesquelles : revoir la fiscalité immobilière et travailler avec les transporteurs routiers sur la massification des flux. Edouard Philippe a déclaré qu’il soutenait le secteur pour la création d’une plateforme France logistique et d’un comité interministériel de la logistique qu’il présidera début 2020.

« La logistique est très méconnue en France. Vous avez distingué ce que nous pouvons faire en terme de gouvernance et ce que nous pouvons faire en terme de transformation. Aujourd’hui, l’éclatement prévaut entre métiers. Le comité exécutif est une excellente idée » a déclaré Edouard Philippe. « Les éléments opérationnels que l’on peut mettre en œuvre. L’objectif est de mettre en place une politique industrielle. La logistique c’est mettre en place une politique de circulation des flux dans une économie mondialisée. Capter les flux et les massifier, les fluidifier c’est au fond de la création de richesse en France. Préférons le développement de la logistique à l’endroit plutôt qu’à l’envers » a-t-il ajouté. « Un Brexit sans accord pose des questions de sécurité et de développement économique. Le contrôle des flux en matière alimentaire (Douanes, services vétérinaires, DGCCRF pour le bio. On doit faire mieux pour l’usager. Faire des tests pour le compte de l’ensemble des acteurs de l’Etat ».

Sur la fiscalité, le premier ministre a rappelé que le sujet sera abordé dans le Projet de Loi de Finances 2020 : « le sujet est moins le taux que l’incertitude (requalification de l’assiette : est ce un établissement industriel dans le PLF 2020. On vous doit une limitation d’incertitude. »

Edouard Philippe a abordé la fiscalité du transport routier et les enjeux de la profession : « sur le TRM, les sujets sur lesquels on va discuter sont sur la table. Il faut qu’on avance et que l’on ose se dire que sur la massification nous ne sommes vraiment pas bon. 85 % des flux par camions au Havre, la part du fret ferroviaire diminue. Il y aussi un problème d’acteurs ferroviaires parfois. C’est un effort très long. »

Eric Hémar, président de TLF et d’ID LOGISTICS réagit aux mesures annoncées par le premier ministre :

« La France a beaucoup d’atouts en termes d’infrastructures, de personnel qualifié, d’aéroports et pourrait être très bien positionnée sur le plan européen, a déclaré Patrick Daher, le président du groupe Daher en introduisant la table ronde avec le Premier ministre. Nous avons rencontrés pendant six mois les logisticiens, les administrations et l’ensemble des acteurs de la supply-chain pour comprendre ce qui ne marchait pas. Que pouvons-nous faire immédiatement pour que cela marche ? »

« Le classement de la Banque mondiale place la France au 15ème rang mondial et cela pourrait même s’aggraver, a reconnu Eric Hémar, le président de TLF et président Directeur général du groupe ID Logistics. Le « benchmark » que nous avons établi avec l’Allemagne et les Pays Bas révèle une absence de massification des flux en France et une fiscalité immobilière qui rend le coût immobilier peu attractif. » Pourquoi l’Allemagne et les Pays-Bas réussissent ? Quels processus la France pourrait-elle imaginer pour faire aussi bien que ses voisins ? « Notre monde de la logistique est prodigieusement éclaté au niveau du secteur privé. Il convient de mettre en place une plateforme « France Logistique » qui prendra en compte tous les éléments transverses de la profession, a affirmé Patrick Daher. Nous avons le même problème avec l’Etat. Nous préconisons la mise en place d’un comité exécutif composée de France Logistique, de la DGE et de la DGITM. Nous   pensons qu’il nous faudrait un comité interministériel annuel au cours duquel nous rendrions des comptes.» Ce comité sera chargé de rechercher et d’animer les grands axes logistiques au niveau territorial. »

Alerter les pouvoirs publics

Durant la table ronde, les dirigeants d’entreprises conviés ont fait part de leurs inquiétudes au Premier ministre. La responsable de Carrefour a insisté sur les priorités de son entreprise de distribution : maîtrise des coûts, maîtrise des délais, assurer la traçabilité alimentaire. « Notre urgence, c’est de travailler l’alternance et faire mieux connaître les métiers de la logistique et de la supply-chain» a-t-elle mis en avant. Pour le responsable des Laboratoires Pierre Fabre, l’urgence est plutôt de travailler avec l’administration des douanes (DGDDI) pour améliorer la réglementation douanière. « Comment être attractif si la matière douanière est encore pénale en France ? » s’est-il interrogé. A l’évidence, les procédures d’implantation des entrepôts logistiques demeurent encore trop longues en France. « Pour ouvrir un entrepôt à Saint-Etienne, il faut compter 21 mois contre 12 mois en moyenne chez nos voisins européens », a déploré le responsable de Cdiscount.

Fait marquant, le président de TLF a expliqué que la vocation de la plateforme France Logistique était la relance de la recherche. « La recherche en France est trop fractionnée , a déploré Eric Hémar. Il faudrait que la recherche soit utile en matière d’impact environnemental, d’enjeux de compétitivité et d’attractivité et que la pénurie d’enseignants spécialisés soit résorbée. » De son côté, la déléguée générale de la FNTR, Florence Berthelot, n’a pas omis de souligner que la logistique se délocalisait et que la fiscalité immobilière constituait un réel motif d’inquiétude chez les transporteurs routiers. Enfin, la table ronde a permis de mettre l’accent sur le rôle crucial des ports dans la massification des flux. Les ports se doivent de travailler davantage avec les chargeurs. Cela passe notamment par la procédure CCS (Cargo Community System) déjà ouverte au Havre avec SOCET et à Marseille avec MGI. Au fond, une logistique plus performante et compétitive assure de facto la performance de l’industrie. D’après une étude de l’Aslog (2008-2009) mentionnée dans le rapport, le coût logistique d’une entreprise représente en moyenne 12 % de son chiffre d’affaires net ; ce taux variant de 7 % pour l’industrie automobile et aéronautique à 16 % pour la chimie et la pharmacie.

Dans le communiqué conjoint TLF/FNTR publié à l’issue de la visite d’Edouard Philippe sur le site ID Logistics d’Aulnay-sous-Bois (voir communiqué en lien), le président de TLF a résumé le sentiment général. « Nous avons de nombreux atouts : des infrastructures de qualité, un foncier disponible, de réelles capacités d’innovation notamment en matière numérique. Il existe cependant, des freins et c’est par une gouvernance partagée public/privé que nous pourrons développer tous ensemble une logistique moderne, sociale et durable. Nous saluons les annonces faites ce jour par le Premier ministre qui valident cette nouvelle organisation. Les 6 mesures viennent traduire nos propositions pour redresser la filière ! »

 

Les six mesures annoncées pour redresser la filière

1)        Un point de contact unique aux frontières

2)        La simplification des implantations logistiques

3)        Une plateforme numérique ouverte à tous les acteurs

4)        Un benchmark européen sur la réglementation

5)        Une révision de la fiscalité des entrepôts logistiques

6)        L’accompagnement des transformations de l’emploi et des compétences.

 

Louis Guarino et Hervé Rébillon

Lire le Rapport dans son intégralité

 

 

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