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Le B100 exclusif fait de nouveaux émules

© Visavu

Après Renault Trucks et Volvo Trucks, le B100 exclusif (classification B1 sur les certificats d’immatriculation français) fait des émules. C’est désormais au tour de MAN de commercialiser en France cette option d’homologation.

Le mardi 8 février 2022 est à marquer d’une pierre blanche chez MAN Trucks & Bus France. C’est en effet à cette date que le constructeur a pu, pour la première fois, obtenir un certificat d’immatriculation avec la mention B1 à la case Energie. Le groupe a officialisé cela lors d’une conférence de presse tenue hier à Reims en présence de clients ayant d’ores-et-déjà passé commande de camions MAN B100 exclusifs. Il s’agit d’une part de Pascal Urano du groupe Truck Location, très actif dans le monde du terrassement et des travaux publics. D’autre part, de Gilles Simon, des transports Simon, également adhérent au groupement Astre.

Pour Truck Location, après 44 camions MAN compatibles B100, décision a été prise de franchir le pas et d’aller au B100 exclusif. L’objectif est d’arriver jusqu’à 121 camions MAN en mode B100 exclusif. Pour les transports Simon, ce sont 60 tracteurs routiers MAN B100 exclusif attendus d’ici au mois de mai 2022.

Si ce choix de carburant non fossile exclusif, ici de marque Oleo100 du groupe Saipol, impose quelques contraintes d’exploitation supplémentaires face aux camions compatibles B100 classiques cela offre en contrepartie quelques avantages. Pascal Urano confie que pour ses activités, cela a réduit les phénomènes de « volatilité » du gazole. Il déclare avoir même ajouté sur les réservoirs de ses camions et engins de chantier des étiquettes précisant : « Attention, ce carburant peut endommager votre moteur ». Pour Gilles Simon, même s’il confirme « qu’à court terme cela nous coûte de l’argent » c’est une évolution indispensable : « On nous demande une offre de transport en g/t-km de CO2 » dans les appels d’offres de chargeurs. Le coût des émissions de carbone coûtera tellement cher dans pas longtemps que, pour ceux qui ne l’ont pas fait cela deviendra un problème ».

Le boitier SP3H constituant le coeur du dispositif B100 MAN Greenbox. Il analyse la signature chimique du carburant par spectrographie. © Visavu

BioMAN sauvera-t-il la planète ?

Sauver la planète c’est bien, mais en sauvant les emplois et les entreprises, c’est mieux. Si Saipol affirme laconiquement indexer son prix sur celui du gazole à la pompe, l’intérêt pour le transporteur est ailleurs. D’une part, en l’état actuel de la production d’Oleo100, Saipol revendique une baisse des émissions de CO2 lors de l’utilisation de son combustible de -60% par rapport au gazole fossile. Le bilan en analyse de cycle de vie de l’Oleo100 pourrait encore s’améliorer à terme avec le programme en cours de déploiement chez Saipol intitulé OleoZE visant à favoriser une agriculture peu émettrice de CO2 (réduction de l’usage des intrants chimiques azotés, abandon des labours profonds).

Pour la trésorerie des transporteurs, la TICPE n’est pas facturée par Oleo100 au client final. Par ailleurs, et jusqu’en 2030, le B100 exclusif bénéficie d’un dispositif fiscal favorable sur l’impôt des sociétés. Ce sur-amortissement est de 40% en plus de la valeur du véhicule, à répartir sur 5 ans. Une compensation au surcoût dû au B100 Exclusif que Jean-Yves Kerbrat, le directeur général de MAN Trucks & Bus France s’est refusé à communiquer. A cela s’ajoute une sur-consommation estimée par Saipol entre 3 et 4% pour les moteurs MAN (le fournisseur se base sur les 3000 clients roulants à ce jour en Oleo100).

Pour MAN c’est un outil supplémentaire dans la phase de transition énergétique en attendant la généralisation des véhicules électriques à batteries attendu à l’horizon 2030. Ce programme de véhicules électriques représente 1,5 milliards d’euros d’investissements. Mais, pour réduire les émissions de CO2 du parc circulant, en particulier celles des camions grands routiers, les carburants non fossiles apparaissent incontournables.

Contre les fraudeurs, le super héros c’est SpectroMAN !

MAN a choisi une autre option technologique que Renault Trucks et Volvo Trucks pour authentifier le contenu des réservoirs. Dans le cas présent, le constructeur utilise un boîtier à mesure par spectrométrie appelé B100 MAN Greenbox pour identifier la signature chimique du B100. Un outil plus fin que la simple mesure de densité en vigueur jusqu’alors que l’on doit à un équipementier français, la société SP3H. Rappelons à toutes fins utiles que dans le cas du B100 exclusif, il est indispensable de ne ravitailler qu’en B100 sans aucun mélange avec du gazole. Dans le cas contraire, le camion se met en mode dégradé, comme il le ferait en l’absence d’AdBlue. Pour consacrer définitivement cette énergie, il ne manque plus « que » l’obtention de la vignette Crit’Air 1. On peut toujours rêver à un super-héros dans l’administration …

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