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Le drame de Gênes donne des idées de taxe poids lourd à certains politiques

Les politiques français ne pouvaient pas rêver mieux pour relancer l’idée d’une taxe poids lourd. Dominique Bussereau, ancien secrétaire d’Etat au transport, profite, avec aise, du drame du viaduc de Gênes pour déclarer un « manque d’investissement » dans la rénovation de certains ouvrages en France et pour réclamer, sans aucun détour, le retour de la défunte écotaxe. En revanche, silence radio de la part d’Elisabeth Borne, ministre des transports, qui s’est limitée à rendre hommage aux victimes.

Un audit récent commandé par le gouvernement révèle que près d’un pont sur trois sur les routes nationales de l’Hexagone nécessite des réparations. Selon ce rapport, 7% d’entre eux présentent même un “risque d’effondrement” à terme, soit environ 840 ouvrages. Il n’en fallait pas moins pour que certains politiques rebondissent et en viennent au financement et indirectement à une taxe poids lourd. Pour Dominique Bussereau, rien d’étonnant à cela car “il y a un manque d’investissements” de la part de l’Etat. « Ces dernières années, on a dépensé 700 millions d’euros par an pour l’entretien des infrastructures, alors qu’il en faudrait 1,3 milliard » a déclaré l’ancien secrétaire d’Etat au transport qui rappelle qu’il existe bien une solution : « c’était l’écotaxe”, qui permettait de faire payer les usagers de la route pour son entretien. Malheureusement, l’écotaxe a été enlevée par madame Royal”, regrette Dominique Bussereau. “C’est un débat qu’il faut rouvrir.”

Première fédération du secteur à réagir, l’OTRE qui parle « d’instrumentalisation politique du drame et de l’émotion suscitée par l’effondrement du Pont Morandi ». L’organisation patronale « s’insurge et proteste contre les confusions et les amalgames entretenus dans l’esprit des citoyens de notre pays, désignant explicitement à la vindicte populaire les entreprises de poids lourds du transport routier en les associant peu ou prou avec le drame genevois. »

L’OTRE s’interroge, à juste titre, sur « les 26 milliards de différence, recettes normalement affectées aux infrastructures routières, notamment les ponts et les ouvrages d’art » rappelant au passage que « tous les usagers de la route s’acquittent déjà de 39 milliards d’euros (hors TVA et péages autoroutiers) de taxes, redevances ou prélèvements diverses (dont 7 milliards pour les seuls poids lourds) pour l’entretien des infrastructures routières non concédés. Or ce sont seulement 13,3 milliards qui sont investis dans l’entretien des routes. »

Le drame de Gênes ouvre ainsi, sans doute trop tôt pour le gouvernement, le débat sur le projet d’instaurer une vignette poids lourd. Très certainement, Elisabeth Borne aurait préféré terminer ses vacances avant que les discussions sur le sujet ne commence.

 

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