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Les surprises de l’étude comparative de la CATP sur les motorisations des autobus

La Centrale d’achat du transport public (CATP) vient de remettre à jour son exhaustive étude sur les coûts des autobus selon leurs énergies. Les surprises y sont nombreuses côté énergies. Le détail.

Sachant que le transport urbain de voyageurs a déjà acquis un certain retour d’expérience sur le sujet de l’électrification, ce document doit être pris très au sérieux puisqu’il dispose d’une certaine valeur statistique. La part du moteur Diesel dans les parcs d’autobus est désormais descendue à 74%. L’électrique à batteries représente 7% des autobus exploités en France en 2023[1]. Les données de coûts publiées sont issues de mises à jour très récentes puisque les prix catalogue des véhicules ont été renouvelés (à près de 80%) au cours du premier semestre 2024. Les coûts de maintenance préventive sont basés sur les engagements des constructeurs lors de la réponse aux appels d’offres. L’étude ne compte pas les coûts des stations d’approvisionnement (GNV, B100 exclusif ou bornes de recharge électriques) ni les coûts d’adaptation des ateliers.

Gazole, biocarburants, électrique à batteries ou bifilaire, hydrogène, faites vos jeux …

Un des enseignements majeurs de cette dernière mise à jour est la compétitivité des véhicules GNV et bioGNV désormais moins coûteux (ou équivalents) que les autobus 12 m Diesel de référence. Il en est de même pour les hybrides légers (alias mild-hybrid) proposés par plusieurs constructeurs. La CATP évalue pour les autobus standard 12 mètres Diesel Euro VI-un coût total d’exploitation (sur 15 ans) de 790 900€ H.T (énergie incluse) soit 1.32€/km. La CATP rappelle ici que 42% du prix de revient d ‘exploitation est lié au poste gazole. Pour un Diesel B100, la CATP estime le coût d’usage sur 15 ans à 830 000 € H.T soit 1.38 €/km. Pour les XTL et HVO il ressort à 845300 € H.T soit 1.41€/km.

Les autobus GNV standard 12 mètres ont un coût d’exploitation estimé à 750 500 € H.T sur 15 ans soit 1.25€/km. Alimentés au bioGNV, leur coût total d’exploitation est de 780 000 € H.T soit 1.3 €/km.

Autre changement majeur : les autobus dits « mild-hybrid » à hybridation légère sont également plus compétitifs que les variantes Diesel conventionnelles puisque leur coût total de possession est de 729 400€ soit 1.22€/km. Le coût de l’option est donc largement amorti, et devrait l’être encore davantage à l’avenir vu la tendance sur les prix de l’énergie. Il en est de même pour les mild-hybrid GNV, ressortant à 755 900 € H.T soit 1.26€/km. Un sacré paradoxe pour une option technique boudée (voire brimée) par l’administration française.

Le trolleybus dans la course !

Pour les véhicules électriques à batteries, l’échéance de renouvellement des packs a été porté à 9 ans. Mais la CATP s’interroge sur la stratégie à tenir : « le prolongement de la durée de vie des batteries pose la question de leur remplacement à mi-vie ainsi qu’à l’âge de réforme des véhicules : remplacement à mi-vie avec ou sans prolongement de la durée au-delà de 15 ans ; non remplacement des batteries ». Au final, en charge lente, le coût de possession d’un autobus 12 m standard avec 450kWh de stockage embarqués ressort à 972 500€ soit 1.62€/km. Malgré les belles promesses « d’économies d’échelles » revendiquées par certains constructeurs ou pseudo-ONG, « les coûts d’un véhicule à batterie sont, en moyenne, 23% plus élevés que ceux d’un Euro VI thermique ». L’étude de la CATP étudie les différentes stratégies quant au renouvellement des batteries (ou pas) et l’effet sur les coûts d’exploitation de porter l’amortissement du véhicule jusqu’à 20 ans.

Il y a même un chapitre sur les trolleybus, pour lesquels le coût de possession totale est de 1 048 000€ (soit 1.75 €/km). Cette technologie, plus proche du tramway par ses caractéristiques techniques et d’exploitation justifierait une base de calcul sur 20 ans. Quant aux batteries, elles sont ici moins sollicitées du fait de la recharge en ligne. On note toutefois un écart finalement peu important par rapport aux autobus à batteries. Surtout, le trolleybus, peu valorisé en France, apparaît comme nettement plus compétitif que les autobus 12 m à hydrogène qui « explosent » la facture avec un coût total de possession de 1366 800 € H.T (soit 2.28€/km).

La CATP commentant « le coût total de possession d’un véhicule à hydrogène (full H2) est en moyenne, près de 73% plus élevé que celui d’un Euro VI thermique et 41% de plus qu’un électrique. Le coût d’acquisition représente près de la moitié du cout total et un tiers concerne le coût énergétique ».

Etude intégrale à découvrir ici : https://www.agir-transport.org/wp-content/uploads/2024/07/Etude-comparative-des-differentes-motorisations-de-bus-2024.pdf

[1] Source CATP d’après données SDES

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