Tribunes

Mon rêve français

Par François Martel, conducteur routier au Canada

Je vais sans doute en surprendre plus d’un mais moi aussi j’ai un rêve, celui de venir en Europe conduire un camion. Je ne suis jamais venu sur le Vieux continent, comme vous dites. C’est par la lecture que j’ai appris à connaître et à apprécier vos camions et vos routes. Adolescent, je volais le magazine France Routes de mon père, lui même camionneur à Québec. Je crois savoir qu’il fut l’un des premiers et des seuls canadiens à s’être abonné au magazine français.

Dire que venir travailler chez vous est l’aboutissement serait mentir. J’ai débuté dans le camionnage il y a 25 ans et l’amour pour le camion est resté le même. Je ne vous cacherai pas que rouler sur les routes du nord est un réel plaisir même si, comme chez vous, il y a quelques problèmes dans le secteur. Et je reste attaché à ma province, le Québec. J’ai toujours dit que c’était un petit pays dans un grand pays. J’ai du fun à chauffer (conduire). Mais rouler sur les routes européennes serait pour moi une nouvelle expérience qui me tente bien. Et ce serait une manière de retrouver les origines de ma famille. Mon père m’a souvent raconté l’arrivée d’oncles de France. Mais ça, c’était il y a longtemps et une autre histoire.

Décrocher un emploi comme camionneur en France serait pour moi une aubaine. Car il n’est pas question de raccrocher mes patins (prendre sa retraite), j’ai encore une envie de découvertes. J’ai juste une interrogation sur les temps de conduite et sur votre organisation de travail. Habitué à rouler des heures, je crains de ne pas avoir assez d’heures derrière le volant.

Je suis en contact avec trois entreprises de camionnage en France et en Belgique. La mission n’est pas facile car, vous autres en Europe, vous manquez de routiers, comme vous nous appelez. Bien sûr, il n’est pas question de prendre la place d’un chauffeur. Dommage qu’il n’existe pas de bourses d’échanges de camionneurs québecois-français. Mais je ne me retrouverai pas bec à l’eau (sans rien), je n’ai pas dit mon dernier mot.

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