Moyen-Orient

Episode 18. Ma vie au Moyen-Orient au volant d’un camion

La suite de notre escapade au Moyen-Orient avec comme guide, Jean-Louis Delarue, alias Double Mètre. Dans le précédent épisode, nous avions franchi la frontière et nous nous dirigions vers la capitale iranienne.

Villa Téhéran

Lors de notre premier voyage avec Cherby, nous allions directement à la douane de Téhéran,. La seule indication que nous avions, c’était de passer devant l’usine Berliet en l’ayant sur notre coté gauche. Nous avons trouvé l’usine et nous avons demandé à plusieurs policiers, où se trouvait la douane. Nous avons fini par suivre un camion qui avait des plaques T.I.R et qui nous mena directement au parking de la douane.

Pourtant cette route, n’était pas sans nous créer des surprises. La première dans mon souvenir, est un accident qui est survenu dans les tunnels avant Zanjān. Les tunnels étaient aux nombres de cinq, le sol était en pavé et en hiver quand les températures étaient de l’ordre de moins dix, l’intérieur des tunnels étaient de vraie patinoire. Et lors de ce voyage, il y avait derrière moi un chauffeur le sieur Ginet. Quand nous abordions un tunnel gelé nous avertissions les chauffeurs qui suivait en touchant les freins pour avertir, que nous laissions rouler le camion sans accélération.

Malheureusement, une voiture Iran Nationale commença à doubler mon copain, et comme le conducteur ne voyait pas le sol, il accéléra pour doubler Ginet. Résultat : la voiture partit de travers et Ginet voyant la voiture en travers freina la semi. Ce qui eut pour effet de mettre la semi en travers et au passage donna un coup dans le cul de la voiture qui me doubla sous le choc. Au sortir du tunnel, la route virait vers la droite, mais la voiture fila toute droite et rencontra un rocher, ce qui arrêta la voiture. Nous savions que lors d’un accident nous devions attendre la police pour établir un constat, et quand je vis un des occupants de la voiture, il me fit comprendre qu’il fallait joindre la police, en me disant police. J’ai eu la présence d’esprit de sortir un constat à l’amiable ou il est marqué police d’assurance. Nous avons rempli le constat avec le conducteur de la voiture, nous lui avons fait comprendre que nous habitions une villa à Téhéran et nous lui avons donné l’adresse. Nous avons repris notre route, mais Ginet a eu un problème mécanique il cassa un arbre de roue. Nous avons rangé le camion grâce à la barre que nous avions, puis nous sommes repartis vers la capitale iranienne.

A Téhéran, nous vivions dans une villa que notre employeur mettait à notre disposition. Et cela devenait un endroit de rencontre, de plus nous avions un transitaire qui répondait au nom d’Ayoub. Sacré personnage que cet homme qui parlait 5 ou six langues, qui était aussi chauffeur de taxi et sûrement agent de la Savac. De plus, il était au courant du trafic que pratiquaient les transporteurs pourvoyeurs de drogue. Var l’un des transporteurs, m’avait proposé d’acheter sa semi-remorque qui était neuve, et cela pour un prix dérisoire. Devant une telle offre, je fus tenté, mais Ayoub m’a dit « surtout ne touche pas à la semi ». J’ai compris l’intention du transporteur, c’était de me faire transporter sa semi avec le réservoir ventral rempli de drogue.

Et il nous servait aussi d’interprète, car après notre épisode accident, les Iraniens sont arrivés à la villa, et ils s’installèrent sur la grande table. Nous leurs avons servi le thé, et Ayoub commença à leur demander le pourquoi de leur visite. Nous l’avions mis au courant mais il faisait celui qui ignorait, ce qui c’était passé. En fait, la discussion tournait autour d’une somme pour la réparation de leur voiture. Ayoub nous demanda si nous étions d’accord sur le chiffre, naturellement nous n’étions pas d’accord, car il voulait nous faire payer, l’arrière mais aussi l’avant. Donc nous avons demandé à Ayoub de leur dire que nous pouvions participer à la réfection de l’arrière, mais il n’était pas question de celle de l’avant. Dans ma mémoire, ils nous demandaient 5000 rials, pour les deux, et ils sont repartis avec 1000 rials.

Dans cette villa, nous faisions des rencontres avec d’autres conducteurs. Entre autres j’ai rencontré Hacquette. Je ne suis pas certain de l’orthographe. Plusieurs fois, nous avons séjourné dans la villa, et nous avons fini par nous apprécier. Nous partions tous les matins vers la douane pour savoir quand nous pourrions décharger, Ayoub nous tenait au courant et quand il nous disait demain c’est qu’il avait la certitude que le lendemain nous serions vides.

Et nous partions découvrir la capitale. Pour cela, nous prenions des taxis. Nous nous mettions sur le bord du trottoir et quand un taxi ou une deux chevaux Citroën approchait nous hurlions notre destination. Souvent, nous étions six dans le taxi ou la voiture. A cette époque, je ne pesais que 130 kilogrammes, Hacquette était plus mince mais tarait sur la bascule un bon 100. Parfois Maurice, quand il était présent, lui aussi faisait un bon poids et la deux chevaux s’écrasait sous notre poids. Nous pouvions à cette époque aller au cinéma, où passaient des films français, avec Belmondo. Nous allions manger à la Pizza 2, puis nous passions un moment au chalet suisse pour boire un verre. Nous retournions souvent au parking de la douane, où des chauffeurs qui roulaient pour d’autres transporteurs étaient présent. J’ai rencontré sur ce parking un prêtre routier et fumeur de pipe. Il était vraiment sympathique et ne parlait pas de sa religion. Son surnom « le Prêtre » !

Sur ce parking qui était très grand, toutes les nationalités étaient présentes, mais il y avait déjà une bonne majorité de camion des pays de l’est. Sur ce parking qui accueillait des centaines de camions, il n’y avait pas d’endroit pour faire ses besoins, et l’été l’odeur était insupportable. De plus, il n’y avait qu’un point d’eau, juste en face de ce robinet il y avait une boutique qui vendait principalement des aliments comestibles et des savons de toilettes. Parfois nous passions plusieurs jours sur ce parking et nous allions faire des provisions supplémentaires sur la route de la capitale.

Jean-Louis Delarue

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