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OVI : la filière VI confrontée au choc de l’offre

L’Observatoire du véhicule industriel (OVI) publie ses prévisions du 2ème semestre 2022 sur les secteurs du Transport Routier de Marchandises (TRM) et du Véhicule Industriel (VI). De nombreuses incertitudes économiques sont constatées avec une inflation record depuis 30 ans. Les prévisions 2022 pour les immatriculations VI se situent désormais entre 45 000 et 48 000 unités.

« En début d’année, nous avions de nombreuses incertitudes, dont celle concernant un contexte économique inhabituel ; nous sommes dorénavant confrontés à une inflation record et à une remise en cause des prévisions de croissance » souligne Jean-Michel Mercier, directeur de l’Observatoire du Véhicule Industriel. « La filière VI fait face à plusieurs problèmes dont le plus important est celui du choc de l’offre, avec une hausse des prix des matières premières, dont l’énergie, et de l’ensemble des intrants, qui génère tout à la fois une diminution des capacités d’offre de véhicules, d’où des délais de livraison en hausse, et au final des prix de ventes soumis à de nouvelles clauses de révision. »

Hausses des coûts

Le secteur du transport routier subit de plein fouet une forte hausse de ses prix de revient avec comme facteurs dominants : la crise énergétique mondiale et ses impacts sur le prix du gazole et du GNV, l’augmentation de près de 10% des coûts de personnel, des tarifs des péages de classe 4, du prix d’achat de matériel (+11%) ainsi que des coûts d’assurance (+2 ,2%).

Dans ce contexte tendu, la situation de sous-capacité constatée par les chargeurs en 2021 a justifié une forte hausse des prix l’année dernière, bien au-delà de ce qui était attendu. On se situe au niveau des augmentations observées en 2018, en pleine crise capacitaire. Les chargeurs prévoient pour 2022 une hausse de 3,6%, reposant toutefois sur une croissance soutenue du PIB et des flux de transports.

Marché VI en France

Le niveau des immatriculations est revenu à celui des années 2013 à 2015. Pour les porteurs, avec 8 101 unités, la baisse est de 14% par rapport à l’an passé. Ce résultat se situe 16% au-dessous de la moyenne des cinq années précédentes à 9 614 unités et 7% pour la moyenne des dix dernières années à 8 722. « Le marché VI évolue dans un cadre tout à fait inédit dans lequel l’offre est le facteur dominant par rapport à la demande. Le niveau de marché, constaté à mi-2022, tient en effet beaucoup plus aux difficultés des fournisseurs pour assurer les livraisons des véhicules commandés qu’à une faiblesse conjoncturelle de la demande » observe l’OVI.

Le VO pose problème

« Le marché du véhicule d’occasion a cru fortement en 2021 pour pallier le manque de véhicules neufs. Aujourd’hui, il n’est plus suffisamment approvisionné, les véhicules en parc étant conservés par les utilisateurs faute de pouvoir procéder au renouvellement » indique Jean-Michel Mercier. « A mi exercice, le défaut en termes d’offre, déjà visible fin 2021, se confirme et complexifie la vision de ce que pourrait être l’exercice 2022, sans oublier la mise en œuvre de la transition énergétique qui affiche plus que jamais un caractère d’urgence. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en décembre 2021, les tracteurs se revendaient en moyenne en 30 jours alors qu’on était à plus de 100 jours un an avant. Actuellement, le délai a encore baissé à 25 jours. Pour les porteurs, on constate également un raccourcissement puisqu’on passe de 60 jours en 2020 à 37 jours en décembre 2021 et à 31 jours actuellement. Pour près de deux tiers des experts, les stocks vont continuer à baisser en 2022.

Le marché de la carrosserie aussi impacté

Le marché de la carrosserie est confronté durement par les pénuries et les hausse des coûts. Avec 8 084 unités, les immatriculations de porteurs reculent de 14% sur les cinq premiers mois de l’année par rapport à 2021. Le marché est donc bien en dessous des années précédentes, et ce quel que soit le secteur. La principale catégorie, les bennes et BTP, avec 3 269 immatriculations (40% du marché VI carrossés), recule de 11%. Les fourgons sont nettement plus touchés, avec 918 véhicules immatriculés, ils passent sous le résultat de 2020 et n’étaient jamais descendus aussi bas depuis plus de 20 ans. Parmi les segments majeurs, les frigorifiques sont très en-deçà de leur moyenne à cinq ans (-39%) et dix ans (-35%).

La franche reprise du marché des tracteurs a favorisé le marché des remorques et semi-remorques, ce dernier ne reculant que de seulement 1,6% par rapport à 2021 avec 10 332 immatriculations.

Au global le marché de la semi est celui qui est resté sur un trend positif depuis 2020, échappant, pour partie, aux difficultés d’approvisionnements liées aux moteurs. Le marché du VUL carrossé représentant 10% de l’ensemble des VUL est en net retrait par rapport à l’an passé, de 20% à 20 724 véhicules, soit le niveau global du marché VUL. Les bennes, qui pèsent 37% des VUL carrossés avec 7 748 immatriculations, reculent de 23,5% par rapport à 2021, point de passage inférieur à la moyenne à cinq ans (-5%), les plateaux (y compris les pickups) ne perdent que 15% par rapport à 2021 et pèsent pour un tiers des VUL carrossés. Quant aux frigos, à 2 486 unités, ils perdent 24% d’immatriculations, affichant un déficit de 11% en moyenne sur cinq ans.

Source : OVI