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Quand l’Armée de Terre s’interroge sur ses moyens logistiques

Sujet insolite découvert via le site français https://www.opex360.com : la question de la réquisition des moyens de transport civils pour la logistique militaire en cas de conflit majeur. L’auteur, Laurent Lagneau, relève en préambule quelques passes d’armes à l’occasion des discussions au Parlement autour du projet de Loi de programmation militaire 2024-2030. Selon lui, rien n’a été prévu dans le texte de loi pour le remplacement des « porteurs polyvalents terrestres », rôle assigné aux vénérables Renault V.I GBC 180. Seul un objectif de 200 porte-engins blindé aurait été évoqué par Sébastien Lecornu, ministre des Armées devant l’Assemblée nationale lors des discussions en première lecture.

La Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat ayant relevé pour sa part dans les annexes de ce même projet de loi que « 2086 camions logistiques terrestres seraient livrés à l’Armée de Terre d’ici 2030 ». Pour ces « porteurs polyvalents terrestres » cela représente un âge plus que canonique puisque le Renault V.I GBC180 est apparu en 1998. Camions qui furent partiellement modernisé en 2015 à Limoges chez Arquus (ex Renault Trucks Défense). Mais les origines de son châssis et de ses trains de roulement se perdent dans la nuit des temps puisque le GBC180 n’est autre que le Berliet GBC 8KT des années 1960 ! Laurent Lagneau entre ensuite dans le vif du sujet en mentionnant l’audition en mai 2023 à l’Assemblée nationale du général Yves Métayer, chef de la division « Emploi des forces » qui révèle les fragilités actuelles de la logistique militaire.

Les questions posées par Orion 23

« La flotte de camions tactiques a éprouvé nos limites » est-il rappelé. L’exercice interalliés Orion23, mené ce printemps par le commandement français a envisagé en phase 3 de son scénario « une phase politico-militaire de gestion de crise d’ampleur avant de se déployer massivement au sein d’une coalition contre Mercure (Orion phase 4) dans le cadre d’une opération sous mandat ONU et OTAN »[1]. Il y est clairement évoqué le « soutien national à l’engagement des armées » incluant la mobilisation de la réserve ! Le général Yves Métayer aurait évoqué lors de cette audition le fait que « pendant la phase 3 (…) nous avons voulu savoir ce qu’on pourrait mobiliser dans le civil en matière de transport ». Et là… surprise ! Le Commissariat général aux transports (Comigetra) prévu dans le Code de la Défense semble avoir été mis en sommeil au sein du ministère des Transports. Le général Métayer, dont les propos sont rapportés par l’article opex360.com aurait dit : « Des chefs d’entreprises de compagnies de transport nous ont dit que si, jusque dans les années 1990, ils devaient rendre régulièrement un état de leur flotte et de sa disponibilité au commissariat général aux transports qui le communiquait à la Défense, on ne leur demandait plus rien (…) il faut réactiver ces mécanismes afin de savoir de quoi disposer dans le tissu civil, dans quelles conditions et comment y faire appel ». Dans une telle éventualité, l’Etat (et tout particulièrement son ministère du Budget) devrait peut-être prendre davantage soin de ses transporteurs routiers…

[1] Dossier de presse du Ministère de la Défense https://www.defense.gouv.fr/sites/default/files/operations/EXERCICE_ORION_dossier-de-presse.pdf

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