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Quel impact aura l’embargo sur le gazole Russe ?

La Commission Européenne, dans le cadre des 6èmes mesures de sanctions liées à l’attaque du territoire Ukrainien, a décidé un embargo sur le gazole Russe. Celui-ci prendra effet le 5 février 2023. Quelles peuvent-être les conséquences ? L’IFP Energies Nouvelles a dressé dans ses Cahiers de l’Economie le 23 novembre 2022 un tableau de la situation. Un portrait complété le 9 janvier 2023 dans Le Tableau de bord des marché pétroliers rédigé par J.Sabathier.

Premier enseignement, la Russie fournit 30% du pétrole brut consommé par l’Union Européenne. Une dépendance encore plus marquée pour le gazole : l’UE s’y fournit pour plus de 50% de sa consommation ! Une position qui n’a cessé de se renforcer depuis les années 1990 et qui fait que les distributeurs se tournent en toute hâte, dans la perspective de l’embargo, vers les Emirats Arabes Unis pour ce produit. Les gisements de bruts européens, principalement en Norvège et au Royaume-Uni (le fameux Brent) voient leur production décliner. On ne pourra pas compter sur un sursaut de ces champs off-shore (3.4 millions de barils/jour quand la consommation de l’UE est de 13.5 millions de barils/jour) ce qui signifie un recours accru aux autres fournisseurs internationaux, principalement membres de l’OPEP.

Les auteurs, Sigit Perdana, Marc Vielle, Maxime Schenckery, de l’IFPEN et de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, mentionnent que « le remplacement complet du brut Russe demeure possible tant que le marché mondial demeure flexible, sous réserve que les aménagements logistiques entre Asie, Afrique, Moyen Orient et Europe soient mis en œuvre ». La Russie aurait, selon les agences de suivi des tankers citées par l’IFP Energies Nouvelles, trouvé des débouchés alternatifs ; ou mis en place des filières d’exportation parallèles avec un nombre en « augmentation » de « pétroliers russes signalés ans destination finale » (sic) voguant au large des côtes de Grèce, de Malte ou de Gibraltar.

Source : IFPEN

Tensions sur les raffineries … et sur les prix !

L’IFP Energies Nouvelles attire l’attention sur un autre problème, moins connu : celui du raffinage ! « Les raffineries européennes sont optimisées pour le pétrole Russe et seraient moins efficaces en produisant à partir d’autres qualités de pétrole brut. La qualité du brut Russe (appelé Oural) peut être remplacée par un certain volume de brut Iraquien, Angolais ou Iranien [point qui semble hasardeux vu le contexte géopolitique actuel avec l’Iran NDLR] de qualités assez similaires. »  Les auteurs de rappeler que cette substitution eut lieu en 2019 suite à une contamination des pétroles bruts livrées par la Russie avec des composés organo-chlorés. Les raffineries Occidentales peuvent, en quelques mois, réorganiser leurs approvisionnements. Le problème de cette dépendance est plus marqué en Europe Orientale où les pays comme l’Allemagne (côté Prusse), la Pologne, la République Tchèque , l’Autriche et la Hongrie, dépendent plus largement du pipe-line Druzhba.

Source : IFPEN

Quel impact aura l’embargo sur le gazole Russe ?

Leur analyse, datée de novembre 2022, estime que le prix du pétrole en Europe pourrait augmenter de 12.8% en 2023. Le Tableau de bord des marché pétroliers de l’IFP Energies Nouvelles daté du 9 janvier 2023 s’inquiète « d’un regain de tensions sur les marchés pétroliers à partir du 2ème trimestre 2023, qui sans nouvelle augmentation de production de l’OPEPE, devrait se poursuivre tout au long de 2023 » avertit J. Sabathier du département Economie et Evaluation Environnementale de l’IFP Energies Nouvelles. Dans l’immédiat, selon Vortexa cité par la note, « les importations américaines de gasoil ont atteint 660 000t, soit une hausse de 70% par rapport aux importations de novembre ».

« Cette situation tendue sur les marchés des produits pétroliers contribue à maintenir des prix relatifs élevés par rapport au Brent (…) et des marges de raffinage confortables (10.5 US$ pour la marge FCC du Brent en Europe, 18.4US $ par baril pour la marge du WTI aux Etats-Unis). » Ceci explique peut-être le redémarrage, assez spectaculaire sur les graphiques, des unités de raffinage européennes.

Le gazole à plus de 1.8€ HT (ou autour de 2.25€ TTC à la pompe) n’est peut-être pas une vue de l’esprit.

Documents complets ici :

https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/sites/ifpen.fr/files/inline-images/NEWSROOM/Regards%20%C3%A9conomiques/Cahiers%20Economie/IFPEN%20Economic%20Papers%20n%C2%B0151.pdf

https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/sites/ifpen.fr/files/inline-images/NEWSROOM/Regards%20%C3%A9conomiques/Notes%20de%20conjoncture/IFPEN_TB-Marches-Petroliers_09012023.pdf

Source : IFPEN

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