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Risque routier : le TRM mise sur les bonnes pratiques

Au-delà de la formation des conducteurs et des technologies embarquées dans les véhicules, les entreprises de transport routier s’appuient sur des bonnes pratiques pour réduire le risque routier. La deuxième édition du colloque national pour la sécurité routière au travail a permis hier de présenter des cas pratiques et analyses d’experts.

« La sécurité routière au travail : un levier de performance », tel était le thème du colloque organisé hier par la Délégation à la sécurité  routière (DSR) dans l’enceinte du ministère de l’Economie et des Finances. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.  En 2017, près de 500 personnes ont perdu la vie dans un accident de la route au cours d’un trajet lié au travail et 4520 ont dû être hospitalisées. Au total, 38 % des accidents corporels (21 382) impliquent une personne effectuant un déplacement professionnel ou un trajet domicile-travail. Des statistiques lourdes en dépit de  la politique du ministère du travail déployée dans le cadre du 3ème plan national santé- travail (2016 – 2020) pour  réduire le risque routier en entreprise.

« Il appartient à l’employeur d’évaluer le risque routier dans le cadre du document unique », a exposé Frédéric Tezé, sous directeur des conditions de travail, de la santé et de la sécurité au travail au ministère du travail.  Par exemple, en matière de dénonciation des infractions commises par le conducteur routier, le chef d’entreprise est responsable s’il ne le fait pas mais le salarié est également responsable.  « 38 % des accidents concernent une personne en situation professionnelle » a ajouté Thierry Fassenot, ingénieur conseil au sein du département prévention des risques professionnels de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et expert du risque routier.  Est-ce à dire que le risque routier est sous-évalué en entreprise ?  Force est de constater que cela ne bouge pas assez vite même si la CNAM valorisent ceux qui se conduisent bien et instaurent  des contrats de prévention en  entreprise. Le  risque routier se traite en réalité dans 75 % des cas  avant le déplacement. « Le  risque trajet se situe en dehors du lien de subordination entre le salarié et son employeur et il faut tenir compte du management des déplacements et du management des véhicules », a insisté Thierry Fassenot.

Les bonnes pratiques du groupe Le Calvez. Spécialisé dans le transport frigorifique, les matières dangereuses et l’agro-alimentaire, le groupe breton Le Calvez compte aujourd’hui 900 conducteurs routiers. « Avec 30 millions de kilomètres parcourus chaque année, nous misons sur la formation avec une exigence de conduite apaisée, a fait remarquer Pascal Boulanger, le directeur hygiène sécurité environnement qualité du groupe installé à Brest. Nous  essayons de partager nos bonnes pratiques avec nos clients donneurs d’ordre dans une logique gagnant-gagnant »  Le retour sur investissement est garanti puisque depuis 1995, l’entreprise déplore trois décès dont un seul au volant lors d’un acte de conduite.

Le transporteur travaille sur la détection des personnes à risque et a intégré deux règles phares pour sensibiliser les salariés. « Nous demandons à nos conducteurs de réduire au maximum le nombre de marches arrière sauf s’ils ne peuvent faire autrement chez un client, a précisé Pascal Boulanger. Et pour éviter le risque du téléphone portable au volant, nous avons équipé tous nos véhicules à l’aide de téléphones embarqués et connectés sur le système de frein de parc. » En conséquence, si la sonnerie retentit pendant la conduite, le téléphone bascule sur la messagerie du conducteur. Il ne pourra écouter le message que  si le véhicule est à l’arrêt. A l’évidence, les distracteurs au volant sont des facteurs de risque aggravants. « L’envoi d’un sms multiplie par 23 le risque d’accident au volant » a martelé  Anne Guillaume, expert sécurité routière auprès du groupe Renault.

Pour autant, la CNAM note que les accidents dans le TRM sont  dans 90 % des cas liés aux activités de chargement et déchargement. L’accident de conduite ne représente que 10 % des cas. Reste que l’accident de véhicule lourd aura des effets collatéraux sur les véhicules légers.  Sans compter que la sinistralité varie entre le transport routier interurbain, le transport fret express-messagerie ou le transport routier de marchandises de proximité. « L’étape suivante est de travailler avec les fédérations professionnelles pour bien décrypter les déterminants de ces accidents, a résumé Thierry Fassenot. Une action forte est aussi à mener sur les communications, l’utilisation du portable et du smartphone mais aussi sur les systèmes informatiques embarqués qui sont liés à une meilleure productivité et à une meilleure planification. Une étude réalisée par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) montre que les équipements embarqués pourraient permettre des communications non vocales et non intrusives avec l’entreprise. On ne connaît pas tout le fonctionnement de ces systèmes mais on continue pourtant à utiliser le téléphone portable. Une analyse sur l’organisation du travail s’impose donc. »

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