Actu

SOLUTRANS 2023 : internationalisation et électrification au programme

Solutrans 2023 est un superbe poste d’observation pour identifier les tendances du marché. On retiendra de cette édition un double mouvement : une internationalisation accrue et la concentration des offres des constructeurs. Le tout induit par les politiques « tout électriques ».

Est-ce un raccourci de ce qui attend l’industrie européenne du camion ? Le stand Iveco France était à la fois placé sous le signe de l’électrification extensive (avec les gammes Daily et S-Way à batteries) et de la contraction intensive. Sur ce dernier point, le parallèle avec Ford Trucks lui faisant face était particulièrement saisissant. On attendait la Chine, et, au final, c’est la Turquie qui aura effectué une belle démonstration de force sur Solutrans. Chez les carrossiers c’était un fait acquis ; cela fait longtemps que Tirsan a racheté Kassbhörer et Talson Trailer. Cette année on a vu Komodo Trailer, Canguller Treyler, Scorpion Trailer, Ozgul Treyler, Star Yagcular et tant d’autres. Ce qui est nouveau c’est l’offensive côté constructeurs-motoristes. On a eu Ford Trucks (une co-entreprise entre Ford Motors Company et Otosan) voici désormais BMC (un nom faisant référence à une collaboration avec British Motor Corporation perdue dans la nuit des temps). Le groupe BMC est bien plus puissant qu’il n’y paraît car il produit camions, autocars-autobus et matériel militaire. Un peu comme Berliet dans les années 1960/1970 ou Daimler jusqu’en 2021. La Chine avance discrètement et n’était directement visible à Solutrans que par l’entremise des utilitaires via JAC et Maxus (du groupe SAIC -qui racheta en 2005 les marques de feu MG Rover-). Pour les carrossiers, on note, pour le première fois l’apparition explicite du polonais Wielton comme propriétaire de Fruehauf. L’inverse est également vrai, Chéreau accueillant sur son stand le carrossier espagnol SOR faisant partie de son groupe.

Autre tendance manifeste à Solutrans, cette fois-ci chez les motoristes, la raréfaction des moteurs de la classe 10-11 litres. Mercedes-Benz a optimisé son bloc OM471 de 12.8 litres mais pas le OM470 de 10.7 litres et Iveco a purement et simplement éliminé le Cursor 11 du catalogue 2024. Renault Trucks met en avant sur le salon le « tout électrique » et rien que l’électrique. Un pari risqué commercialement car nombre de concurrents à commencer par MAN, Scania et Iveco ont valorisé sur le salon une approche multi-énergies. Il s’agit probablement d’un effet de la politique anti-Diesel menée par l’Europe à travers Vecto et l’annonce de la volonté de bannir les moteurs thermiques : les constructeurs réduisent leurs portefeuilles produits afin de diminuer les frais d’homologation et de développement. Un scénario qui a un vilain air de « déjà vu » dans l’automobile.

Prolifération d’acteurs sur le rétrofit

Il est clair que la reconversion de véhicules thermiques en électriques est à la mode, et répondra assurément à une période de transition où les constructeurs majeurs ne seront pas en mesure de produire, rapidement et à prix compétitif, des véhicules hydrogène ou électrifiés sur les segment des utilitaires légers. Renault semble avoir pris conscience de cet état de fait et noue des accords avec plusieurs acteurs. Le dernier en date étant avec TOLV pour la conception et l’homologation de kits rétrofits batteries pour Renault Trafic et Master. Stellantis était venu discrètement avec son partenaire Qinomic Mobilities, qui assurera la transformation et l’homologation des véhicules reconditionnés à l’électricité. Une question demeure : combien de temps cette phase durera-t-elle ? Certains, comme Hyliko -en hydrogène- ou Neotrucks -en électrique à batteries- ont choisi de contourner l’obstacle en choisissant, pour le premier une formule de location « tout compris » (financement, véhicule et énergie), pour le second en se spécialisant dans les véhicules non routiers (tracteurs de parc, véhicules logistiques carrossé en porte-caisse mobile). Neotrucks y ajoute une dimension régionale puisque tout le processus de transformation se fait dans l’Ain (avec la carrosserie Brevet). Autre emballement médiatique autour du dihydrogène. Entre Plastic Omnium, Stellantis, Hyvia -associé à Renault Pro+-, Symbio (présent sur le stand Michelin), jusqu’à un prototype de moteur à combustion hydrogène sur le stand Ford Trucks, ce gaz (le plus léger) à la cote à Solutrans 2023.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *