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TEMOIGNAGE : « mon équipe soudée va sauver l’entreprise » (Frédéric Lefevre, Trans Breizh)

Frédéric Lefevre et l’agent régional MAN

50% de la flotte sur la route

Frédéric Lefevre dirige les transports Trans Breizh basés à Arza, dans le Morbihan. Le transporteur breton, adhérent de l’OTRE, s’est spécialisé dans l’industrie du bâtiment aujourd’hui particulièrement impactée. Entre le recours au chômage partiel et aux bourses de fret, le patron qui n’hésite pas à prendre le volant sait qu’il peut compter sur ses conducteurs avec qui il a formé plus qu’une simple équipe : une grande famille unie pour le meilleur comme pour le pire.

« 50% de ma flotte roule aujourd’hui. Le secteur de l’industriel lié au bâtiment qui est paralysé, c’est 100% de ma clientèle. Je transporte en temps normal du contre-plaqué, de l’aggloméré et des produits béton. Toute mon activité est en stand-by. Il n’y a pas de rentrée d’argent depuis le 18 mars dernier » ajoute-t-il. Le dirigeant breton s’est tourné vers les bourses de fret pour palier le manque de transport avec cependant des prix plus bas qu’à l’habitude. « Je me suis vu proposer l’autre jour un lot sur 650 kilomètres à 500 euros au lieu de 850 euros que je pratique régulièrement. »

Son entreprise, Frédéric l’a construite avec son cœur, sa tête et ses bras. Parti de rien en 2013, il a su développer les activités au fil des années. Il n’hésite pas à prendre le volant quand il le faut. « L’autre jour, je suis parti en camion chez un client à Pornichet. Faut être le couteau suisse de l’entreprise. » Pour lui, gérant de l’entreprise, et son épouse, aucun salaire en mars et probablement en avril. L’essentiel est la bonne santé de l’entreprise et de ses salariés avec qui il entretient une relation de père-enfants. « Les 19 ensembles aujourd’hui, c’est le fruit de mon travail » nous a déclaré avec une certaine fierté cet autodidacte.

Chacun leur tour

Frédéric n’a pas eu d’autres choix que de mettre dès le 18 mars, non sans peine, ses conducteurs au chômage partiel mais « chacun leur tour » précise le chef d’entreprise qui ne compte pas laisser tomber es salariés. « Je leur ai laissé le choix de rouler ou pas. Je leur ai envoyé un message groupé. Seuls deux m’ont dit non. Je les ai mis directement en chômage partiel. » Il sait que ce n’est pas la solution mais c’est mieux que rien. « C’est dur pour eux financièrement actuellement. Je n’ai que des gars qui font du national. Cela veut dire des frais et des découchés qui viennent s’ajouter au salaire de base. » Le patron appelle ainsi chacun de ses 19 conducteurs régulièrement pour avoir de leurs nouvelles et les informer de l’évolution de l’entreprise. Mais le moral n’est pas tous les jours au beau fixe. « L’OTRE s’est battue pour intégrer les 34 heures d’équivalence dans le calcul du chômage partiel. Car seules 150,66 heures étaient prises en compte contre 200 dans nos contrats. La perte de salaire est énorme. L’organisation a réussi à imposer 186 heures pour seulement deux mois. »

Frédéric sait qu’il pourra compter sur ses clients lors de la reprise. Certains envisagent de reprendre progressivement. « Un de mes clients qui travaille dans le bois et qui a tout arrêté  le 18 mars va essayer de remettre au travail deux personnes la semaine prochaine. Là je pourrai mettre 2 camions sur les 8 ordinairement. » Une confiance s’est instaurée entre le dirigeant et ses clients au fil des années. « Malgré la crise, nous n’avons pas coupé les liens. Nous restons proches. On s’appelle » nous a-t-il indiqué.

A chacun son camion

Le chef d’entreprise ne baisse pas les bras, bien au contraire. « J’attends la reprise. Elle va être longue. L’économie ne va pas reprendre rapidement. On est en récession comme en temps de guerre. La trésorerie fond au soleil. Il ne faudrait pas que ça dépasse les deux mois. C’est grâce à mon équipe soudée qu’on va avancer. » Il tient à nous relater la réaction d’un de ses salariés : « Lundi, je n’avais pas assez de travail pour tout le monde. Un client m’a appelé et j’ai téléphoné au dernier moment à un de mes gars. Il est venu tout de suite sans se poser la question. » Un détail attire l’attention quand on croise sur la route les camions des transports Trans Breizh : chacun des véhicules est marqué du prénom du conducteur. Une marque de reconnaissance.

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