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« Tout ce qui est urgence dépend de notre filière » L’interview de Patrick Cholton, président de la FFC

© F Mainard

Un appel à l’union sacrée

La filière du véhicule Industriel et urbain est particulièrement impactée par la crise sanitaire et économique du coronavirus. Dans cette interview accordée à TRM24, Patrick Cholton, président de la Fédération Française de Carrosserie (photo), rappelle que la mission première de ses adhérents est de « fabriquer des véhicules qui acheminent aliments et matériels médicaux », et souhaite que la filière soit considérée comme en première ligne de la crise. Il précise lors de cet entretien que 50% de ses adhérents sont ouverts et en appelle à l’union sacrée de la filière.

TRM24 : Comment se porte la filière du véhicules industriels et urbains ?

Patrick Cholton : « Je voudrai préciser tout d’abord que l’unité entre les 3 branches de la fédération (constructeurs, réparateurs, équipementiers) a été démontrée durant cette période de pandémie. Le travail entre les 3 vice-présidents est sans relâche. Dans un premier temps, nous avons tout axé sur nos adhérents. Nous leur avons adressé quotidiennement les décrets et arrêtés pour qu’ils aient tout en leur possession pour décider de la suite de leur entreprise. S’ils devaient mettre en chômage partiel ou non leurs salariés. Notre service FFC Experts a joué entièrement son rôle et le standard a été pris d’assaut d’appels. Quand on dit que notre filière fait partie de la seconde ligne, je dirai qu’elle doit être positionnée en première ligne. Car le transport est la priorité aujourd’hui, plus que jamais. Nous avons deux objectifs : nous devons avoir un suivi stratégique des véhicules qui roulent avec un minimum d’entreprises de la filière ouvertes. Le second : l’assistance auprès des constructeurs et carrossiers constructeurs est primordiale. Comme en Formule 1, les véhicules gagnent si l’assistance existe. Nous devons impérativement fabriquer les véhicules qui acheminent les aliments et les matériels médicaux. Tout ce qui est urgence dépend de notre filière »

TRM24 : Sur le terrain, qu’en est-il ?

Patrick Cholton : « Nous pouvons dire à ce jour que 50% de nos adhérents sont ouverts, même si leurs services habituellement proposés est au minimum. Je pense au service après-vente des carrossiers et des constructeurs. Nos adhérents veulent bien ouvrir mais il manque un nombre important de masques et de gels protecteurs pour les salariés. Beaucoup ont peur de ce qu’il se passe. Notre branche Carrossiers Constructeurs compte 20 000 salariés, il faudrait un million de masques tous les 15 jours. J’ai adressé un courrier hier en ce sens au premier ministre afin de lui exposer l’urgence stratégique de notre filière du véhicule industriel et urbain. J’ai demandé que soit mis en ligne une plate-forme de commandes de masques pour les différents secteurs industriels. Nos entreprises rencontrent notamment des difficultés administratives avec les DIRRECTES en régions. Le gouvernement doit nous aider aussi à faciliter le fonctionnement des plateformes logistiques. J’ai indiqué dans ce même courrier au premier ministre que les assureurs crédit avaient tendance trop souvent depuis le début de la crise sanitaire à abaisser le montant des assurances liées au non-paiement des fournisseurs, ce qui n’incite pas à la poursuite de l’activité. Par ailleurs, les délais de paiement doivent être impérativement respectés afin de ne pas fragiliser la trésorerie des entreprises, comme je l’ai précisé. Je lui ai demandé enfin de nommer un conseiller dédié à la filière du véhicule industriel et urbain, à qui nous pourrons remonter les informations et besoins du terrain en temps réel. »

TRM24 : L’approvisionnement des pièces peut-il être assuré dans ce contexte industriel difficile et fragile ?

Patrick Cholton : « En effet, notre autre souci est l’approvisionnement des pièces dont la plupart proviennent de Chine. Nous avons lancé un sondage auprès de nos adhérents. Les premières remontées indiquent qu’une grande partie des arrivées de Chine sont stoppées. Il s’agit essentiellement de pièces accessoires indispensables à la production d’un véhicule industriel. Pour n’en citer que quelques-uns : les pièces d’accastillage. Avant quand il nous manquait des pièces, nous pouvions en urgence nous faire livrer depuis l’Italie mais avec l’épidémie tout est arrêté dans ce pays. »

TRM24 : Comment voyez-vous la reprise ?

Patrick Cholton : « Nous devons nous assurer d’un service minimum afin que la reprise puisse se faire en douceur. Nous devons ouvrir ou rouvrir nos entreprises avec une sécurité sanitaire maximum. J’en appelle à l’union sacrée dans la filière. La FFC reste et restera la tête de pont de la filière que nous avions initiée lors des rencontres de la filière en novembre 2018. »

Propos recueillis par Hervé Rébillon

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