SANS DÉTOUR

Tribune de Jean-Philippe Pastre : le dessous des cartes sur les départs de l’ACEA

Ces derniers mois, l’ACEA, l’association des constructeurs automobiles établie en Europe, a compté deux défections majeures dans l’univers des constructeurs de voitures particulières. D’une part Stellantis, d’autre part, Volvo Cars. Pourquoi parler de marques automobiles sur trm24 ? Parce que cela est révélateur des enjeux géo-politiques actuels.

Le départ de Stellantis tient pour partie au bouillant tempérament de Carlos Tavares qui a lancé l’idée d’un Forum sur la liberté de mouvement (un titre qui en dit long, soit dit en passant, sur les enjeux sociétaux réels cachés derrière les discours anti-trains, anti-voitures, anti-camions). Celui de Volvo Cars, bien que moins fâcheux pour l’ACEA du fait de la taille de ce constructeur – et de sa moindre contribution financière à l’association – est révélateur d’une guerre géo-stratégique entre la Chine et l’Europe.

L’ACEA est stigmatisée par Volvo Cars pour sa position trop critique vis-à-vis des véhicules électriques. La marque Suédoise revendiquant un développement en faveur du tout électrique. Suédoise ? Enfin non, plus depuis l’acquisition de la firme par Zehjiang Geely Holding survenue en 2010 ! Le géant Chinois a renforcé son contrôle sur Volvo Cars en février 2021 via un conseil de gouvernance piloté exclusivement par Geely Holdings. On le sait peu, mais le quartier général de Volvo Cars est désormais situé à Shanghai (Chine).

Bref, ce départ de Volvo Cars ne poursuivrait-il pas un autre but que la « simple » motivation liée au Greenwashing en critiquant l’attitude jugée trop conservatrice de l’ACEA ? En sapant l’ACEA, l’objectif de la Chine ne serait-il pas d’affaiblir le dernier quarteron de généraux qui défendent un panel énergétique laissant encore sa place au moteur thermique ? Une technologique parfaitement maîtrisée par les Européens ; contrairement à l’électrique à batteries totalement verrouillé pour les matières premières et les composants critiques par l’Asie (Chine en tête).

N’oublions pas les ambitions de certains constructeurs et équipementiers Américains pour lesquels tout affaiblissement de l’industrie européenne est une aubaine. Le zèle que mettent Daimler Truck et Volvo Trucks autour de l’électrique ne serait-il pas lié, comme par hasard, à la présence de ce même Geely dans leur capital (8,2% dans le cas de AB Volvo ; plus l’entrée fracassante en 2018 à hauteur de 10% du Chinois dans le groupe Daimler – scindé en deux entités à la fin de 2021, peut-être pour en faire une proie plus facile à absorber dans un futur plus ou moins proche ?). L’Union Européenne, dans son immense candeur libérale, fait le lit de pays qui, pas davantage que les pétro-monarchies, nous veulent du bien … L’Union européenne se fait, à l’égard de sa propre industrie, vert-tueuse …

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