SANS DÉTOUR

Tribune de Jean-Philippe Pastre : quel avocat pour défendre les 25.25 m ?

Appelez les 25.25 m , EMS, EuroCombi ou, pour les amateurs de sensations fortes aux journaux radio-télévisés, « méga-camions ». Ils sentent le soufre et font l’objet d’anathèmes réguliers par tout ce que l’Europe et la France compte d’opposants au transport routier de marchandises.

Les opposants au transport routier de marchandises sont nombreux. Il n’y a guère que les représentations professionnelles TLF et la FFC pour défendre ces véhicules. Les uns pour d’évidentes raisons logistiques (c’est leur métier), les seconds parce que cela peut développer l’activité des carrossiers-constructeurs français (via la fourniture de dollys ou modèles Bi-train). Hormis ces institutions, c’est l’hostilité. Souvent alimentée par l’incompréhension.

Personne n’a imaginé voir ses ensembles routiers aller dans les villes ou sur une route départementale au fin fond de nos campagnes. Ailleurs en Europe, ils desservent des ports et des zones logistiques, servant à massifier les flux pour transporter plus de biens et denrées en un seul voyage.

Le bilan environnemental est paradoxalement positif (2 ensembles de 25.25 m font le travail de 3 ensembles maxi-code conventionnels). Mais nos politiques, qu’ils soient élus ou dans les ministères n’en ont cure : pour eux, par définition, le camion c’est mal, voire le Mal !  

Dans cette guerre de tranchée idéologique, on observe surtout le silence assourdissant de l’ASFA Association française des autoroutes et ouvrages concédés. Officiellement, cette organisation « observe la situation » (sic). Mais ce silence ne dit rien qui vaille. Les concessionnaires autoroutiers n’ont pas intérêt à voir débarquer en France les EuroCombi 25.25 m ! D’abord parce que, comme évoqué précédemment, ils réduiraient potentiellement le nombre de véhicules sur leurs ouvrages. Ensuite (et surtout) parce qu’ils seraient obligés d’investir dans les aires de repos et de services pour accueillir ces ensembles extra-longs.

Certains aménagements (comme sur l’A43) imposent déjà des marche-arrière avec les semi-remorques. Imaginez dans ce bazar un véhicule bi-articulé ! Le sujet des parkings sur les autoroutes est déjà un sujet qui fâche avec les ensembles actuels du fait de la sous-capacité des aires. Pensez, s’il fallait encore les redéfinir pour les EMS ! Bref, pour l’ASFA et ses adhérents, ce silence cacherait un autre mot d’ordre que l’on peut résumer ainsi : Touche pas au grisbi !