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TEMOIGNAGE : « Nous ne maîtrisons plus rien » (Amar Mellouli)

Amar Mellouli dirige la société Trans Ams située près de Mantes-la-Jolie. Il subit, comme de très nombreux transporteurs, les conséquences de l’arrivée soudaine du coronavirus en France. Du jour au lendemain, le transport routier a été désorganisé. Depuis, de nombreux transports sont arrêtés, d’autres reprennent. Un tiers de ses clients ont tout arrêté. Témoignage.

« Nous vivons au jour le jour. Ça devient compliqué. Des clients qui ferment et qui réouvrent. Nous ne maîtrisons plus rien » regrette Amar qui ne décolère pas :  « et tout est fermé à 16 heures ! ». Après, il n’est plus possible de décharger ou charger. Le transport routier n’existe plus. « Je travaille avec l’automobile. Avant les usines tournaient jour et nuit, 24 heures sur 24. Aujourd’hui, leurs horaires sont : 8h/16h42 ! ». Du coup, comme beaucoup de transporteurs, il a du revoir son organisation et le planning des conducteurs « déjà serré. » Le dirigeant estime une perte de 50% de chiffre d’affaires d’ici la fin du mois. « Un tiers de mes clients ont stoppés le transport » nous confie-t-il.

Quand on lui demande s’il a mis certains de ses conducteurs au chômage partiel, Amar répond direct : « pas question chez moi de recourir au partiel. Je fais ce qu’il faut. » Le transporteur a décidé de faire travailler ses conducteurs un jour sur deux. « Il y a moins de travail et ça permet aux conducteurs de se reposer. » Le gouvernement autorise de rallonger les temps de travail et de conduite des routiers mais, là encore, pour Amar pas question de faire bosser ses salariés davantage. « On pourrait rouler le week-end, ils l’ont autorisé, mais le dimanche ici c’est avec la femme et les enfants, pas sur la route. »

Amar est surtout remonté sur les mauvaises conditions sanitaires des routiers. « Les conducteurs sont considérés comme des chiens. Il faut comprendre le personnel. On galère à trouver des masques et du gel. C’est ma pharmacie qui en a fabriqué » précise le chef d’entreprise.

Ecoeuré, mais toujours professionnel, Amar n’en est pas moins encore motivé, il ne baissera pas les bras, au contraire : « ma priorité est d’alimenter la chaîne logistique et d’approvisionner le personnel soignant. » Sages décisions.

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