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TEMOIGNAGE : « Le transport est en cours de grand bouleversement » Bertrand Caille (Transports Caille)

Bertrand Caille dirige d’une main de maître son entreprise familiale basée à Laon, près de Reims. L’esprit de proximité qui règne depuis toujours dans ce groupe spécialisé dans le transport, le déménagement, la logistique et l’archivage, montre son efficacité aujourd’hui. Même s’il subit de plein fouet l’arrêt de certaines de ses activités et l’interdiction partielle brutale des activités de déménagement en France, l’astrien arrive à limiter la casse.

L’information est tombée le 1er avril. Toutes activités de déménagement est désormais interdite en France. Mais Bertrand Caille avait décidé de stopper son activité déménagement en quelques heures dès l’annonce du confinement. « J’ai préféré fermer les 10 agences dès le lendemain. On a fini avec des derniers transports le mercredi pour ne pas laisser des meubles dans les camions. » Le dirigeant nous précise que les activités de déménagement ne sont pas toutefois totalement interdites. « Ce n’est pas une interdiction. Vous pouvez toujours déménager en cas de mutation ou d’arrêt de bail. On doit simplement respecter les règles d’usage de distanciation » nous a-t-il indiqué. Le chef d’entreprise a préservé cependant une partie de ses activités. « Le transport et la logistique tournent encore » nous a précisé Bertrand Caille. « Nous avons une permanence en place en logistique. Les entrées et les sorties des marchandises continuent mais sur un rythme très faible, nous faisons du dépannage. Beaucoup d’industriels ont dû fermer et nous stockons pour eux. Notre priorité est d’accompagner nos clients. C’est accepter d’envoyer un camion même quand c’est compliqué.»

L’alimentaire préservé

Le dirigeant a vu son activité transport chuter au fil des jours : « nous sommes restés à 90% les premiers jours du confinement, puis nous nous sommes maintenus à 55% les deux dernières semaines de mars. Aujourd’hui, je ne réalise que 30 à 35% de mon activité transport. Essentiellement de l’agro-alimentaire en approvisionnement de plates-formes de produits finis et en livraisons de supermarchés. Avec Carrefour, nous travaillons en 2×8. Et nous effectuons des opérations ponctuelles pour des clients qui livrent des administrations dont les hôpitaux. » Bertrand Caille avoue avoir enregistré une baisse de 20% de son chiffre d’affaires en mars et prévoit une chute de 60% en avril. » Je mets en place du chômage partielle, et dire que je me serai battu avant pour ne pas y recourir. »

Protéger le personnel

Le transporteur a réagi rapidement à l’arrivée du virus en protégeant son personnel. « Depuis le début, nous prenons la température de nos salariés, tout le monde y passe » précise-t-il. Mais en réalité, Bertrand Caille a anticipé. Sa fille travaillant dans le médical l’avait alerté sur le virus. “Papa, tu as mis en place un plan de protection pour ton entreprise ?” lui a-t-elle demandé. Faisant référence à ce qu’il se passait en Chine, elle répondit : « Si cela arrive en France, on sera aussi confiné. Nous avons acheté du gel, sorti nos vieux masques périmés H1N1 et nous avons réfléchi au cas où ». Pour le patron, la priorité est bien de protéger ses 180 conducteurs et autres salariés de l’entreprise. « Nous avons fait un effort sur le contact. Toutes les semaines, nous leur envoyons des informations. » Et dès le départ, la protection a été de mise au sein du groupe.

Un temps de réflexions

Quand on demande au transporteur comment il vit cette période sans précédent, il répond : « On a pris du temps pour une fois. C’est une autre façon de réfléchir nos actions de chef d’entreprise, de penser notre économie. Il faut profiter de ce moment de calme pour se poser les bonnes questions d’organisation. Chez nous, c’est une réflexion interne sur ce que nous faisons toute l’année. » Selon lui, c’est une grande remise en question pour tous les acteurs du secteur. « Le transport est en cours de grand bouleversement. C’est un nouveau mode de management. On se pose la question sur la place du digital dans nos entreprises par exemple. Nous y étions déjà dedans mais là on y va. Le télétravail était inconnu jusqu’à présent dans le transport. »

Les transports Caille est membre du groupement Astre. Un atout non négligeable dans le contexte actuel. « C’est important d’appartenir à un groupement comme Astre. Nous avons mis en place la première semaine un tableau qui a permis de savoir quel adhérent pouvait aider les conducteurs. Nous avons échangé aussi nos pratiques entre transporteurs. Nous avons mis en place un réseau de solidarité dans notre groupement grâce à une application spécialisée. On s’est posé des questions sur Palet System, à savoir si on pouvait toujours approvisionner en palettes nos clients partout en Europe. Finalement, c’est le cas. On peut envoyer encore aujourd’hui des palettes en Italie. L’Astre est un souffle d’air » s’est réjoui le dirigeant.

Le pire pour plus tard

Pour Bertrand Caille : « On ne reprendra pas l’ensemble de nos activités avant juin-juillet. Les mesures de confinement ne vont pas permettre une reprise entière avant trois mois » a-t-il estimé. Et les répercussions de cette crise sanitaire ne se feront pas sentir dans l’immédiat. « Le problème économique n’est pas maintenant mais dans un à deux ans. Les prêts par exemple ne sont pas offerts, il faut trouver la solution financière pour les payer » lance le chef d’entreprise.

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