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Analyse OVI : une augmentation plus forte qu’attendue des immatriculations

L’Observatoire du Véhicule Industriel a publié hier son analyse du marché français pour ce premier semestre. Une bonne nouvelle pour les distributeurs et constructeurs à court terme : une « augmentation plus forte qu’attendue des immatriculations due à une hausse des livraisons supérieure à nos attentes », selon Arnaud Villéger, directeur de l’Observatoire du Véhicule Industriel.

Avec 20 938 certificats d’immatriculation neufs de véhicules industriels de plus de 5t de PTAC au cours des 5 mois 2023, le marché France a cru de +8.1% par rapport à la même période 2022. Croissance tirée par les porteurs (+10.7% avec les rideaux coulissants, les fourgons et la température dirigée en franc rétablissement) qui surperforment face aux tracteurs (+6.2%). Le secteur des bennes, que ce soit en utilitaires ou en camions lourds est en berne. En conséquence, l’OVI estime que le marché France pourrait osciller entre 44 015 et 47 000 unités neuves immatriculées pour les 12 mois 2023.

Si les délais de livraison se réduisent (289 jours contre 359 sur la même période il y a un an), ils demeurent considérablement plus élevés qu’en 2019 (87 jours en moyenne en juin 2019). L’OVI relève que la situation chez les carrossiers est meilleure (117 jours) et « retrouve des niveaux proches de décembre 2019 ».

Nuages à l’horizon

Un signal plus préoccupant pour le long terme est le report des commandes de renouvellement relevé par l’OVI. Il déclare sobrement que « les carnets de commande des distributeurs VI au 1er semestre montrent que le marché n’est pas en phase avec les résultats d’immatriculation de début d’année ».  Les incertitudes autour des ZFE-m, les hausses des taux d’intérêts, l’inflation générale, les aides à l’achat peu attractives pour les véhicules décarbonés et le prix des énergies conjugué aux menaces de hausses de fiscalité pour les entreprises de transport ne constituent pas un contexte favorable aux investissements. Un facteur aggravé par des perspectives d’activité mal orientées dans le transport routier de marchandises.

L’OVI évoque dans sa note que « les chefs d’entreprise sont pessimistes tant sur l’activité, les effectifs que la trésorerie, constat fait tant par la FNTR que par la Banque de France. Comme un malheur n’arrive jamais seul « une étude de mars 2023 du CNR révèle une forte distorsion de taxes et des redevances routières qui pénalise fortement le marché français ».

Ces menaces pour 2024 sont corroborées par les analystes de HSBC Asset Management dans une note du 26 juin 2023 : « en Occident, nous prévoyons une récession vers la fin de l’année car les entreprises devraient réduire leurs dépenses de manière plus agressive en raison du fléchissement de la demande et d’une diminution de leur pouvoir de fixation des prix (…) Les risques de détérioration des perspectives [pour la zone euro NDLR] semblent importants à un horizon de 6 à 12 mois ». Evoquant la politique de la BCE pour l’euro, la note de HSBC Asset Management relève que « Christine Lagarde a déclaré que le Conseil des Gouverneurs relèvera probablement les taux en juillet et qu’il n’envisageait pas encore de faire une pause. En réponse à la réunion, le marché table désormais sur un taux d’intérêt maximal de 4,00% contre 3.75% ». Ces taux élevés viennent contraindre davantage des acquéreurs de véhicules neufs qui ont connu une forte hausse des prix catalogue ces derniers mois.

Les transactions autour des véhicules d’occasion se ralentissent du fait de la hausse des livraisons de véhicules neufs (-8.1% sur les tracteurs et -4.6% sur les porteurs). Cela a enrayé la hausse des prix sur les tracteurs routiers. Et celle-ci se ralentit sur les porteurs (+1.4%). Le marché reste toutefois dynamique avec des délais de revente très courts (33 jours pour les tracteurs et et 39 jours pour les porteurs).

L’OVI conclut sa note avec cet avertissement : « plus encore aujourd’hui, les prévisions restent difficiles. Si de multiples facteurs influent sur les livraisons, l’incertitude actuelle de chacun d’eux accroît les risques d’erreur ».

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