Actu

La FFC présente sa vision du marché des constructeurs-carrossiers 2023

camion europe

A l’occasion de la conférence de presse de Solutrans 2023, la FFC a révélé hier ses anticipations sur le marché des véhicules industriels pour cette année vu sous le prisme du mix énergétique. Des données AAA-Data analysée par la FFC avec le BIPE. Premier constat : un décalage entre tracteurs et porteurs dans le développement des motorisations « non conventionnelles”.  Les prévisions d’immatriculations pour l’Europe occidentale établies en mars 2023 par le BIPE portent sur 160 000 semi-remorques et remorques, soit un recul sensible par rapport à 2022.

Selon l’étude BDO de mars 2023 citée par la FFC, la croissance en zone euro sera faible en 2023 puisqu’estimée à 0.8%. Avec +0.7% France ferait un peu moins bien que la moyenne, mais toujours mieux que l’Allemagne (+0.2%). L’Espagne serait le pays de l’UE qui aurait la croissance la plus dynamique avec +1.4%. La croissance de la zone euro devrait remonter à 1.5% en 2024 [sauf énième bouleversement géopolitique NDLR] toujours tirée par l’Espagne attendue à +2%. L’atonie de l’Allemagne en 2023, et dans une moindre mesure en 2024 (prévision à +1.3%), pourrait entraîner un regain d’activité commerciale à l’export des constructeurs et carrossiers. Lesquels sont déjà très présents et actifs en France. Affaire à suivre…

Selon les données AAA-Data analysée par la FFC avec le BIPE, on remarque un décalage entre tracteurs et porteurs dans le développement des motorisations « non conventionnelles ». Ainsi pour les deux premiers mois 2023 ce sont 93.7% des tracteurs routiers mis à la route qui fonctionnaient au gazole (ou au HVO). Pour les porteurs cette proportion est de 90.9%. Le méthane (GNV, sous ses formes comprimées GNC ou, plus marginalement liquéfiées, alias GNL) demeure la première énergie alternative avec 7.1% des immatriculations en porteurs (via le GNC) mais seulement 2.8% de tracteurs GNC (auxquels il faut ajouter 0.5% d’immatriculations dual-fuel GNL). Pour ces derniers véhicules, les carburants liquides demeurent (à ce stade) incontournables puisque la première alternative (à égalité avec le GNC pour cette catégorie de véhicules) est représentée par le B100 Exclusif avec 2.8% des immatriculations. Les questions de densité énergétique et de rapidité de ravitaillement semblent déterminantes pour les tracteurs routiers.

L’électrique à batteries « pèse » davantage en porteurs (1.2% des immatriculations) qu’en tracteurs (0.1%). Des chiffres cohérents avec ceux publiés par trm24 (également issus d’AAA-Data pour l’année 2022) dans l’eMAG n°12 : https://trm24.fr/lemag-12-est-en-ligne/

Baisse des immatriculations des semis

Les prévisions d’immatriculations pour l’Europe occidentale établies en mars 2023 par le BIPE portent sur 160 000 semi-remorques et remorques, soit un recul sensible par rapport à 2022. Le rebond attendu en 2024 (à un peu plus de 165 000 unités de véhicules remorqués neufs) ne ramènera pas le marché au score enregistré en 2022.

Pour les utilitaires légers, la situation est très différente. BDO Advisory dans sa note de mars 2023 estime que ce marché devrait représenter 1 650 000 unités en 2023 et près de 1 780 000 mises à la route en 2024. On est loin de records de 2019 ou 2007 mais tout autant éloigné des grandes dépressions vécues en 2009 et 2015.

La France « moyenne »

Pour l’activité des semi-remorques et remorques neuves, BDO Advisory anticipe un marché France en très légère baisse pour 2023 (à moins de 23 000 unités) avec un rebond, tout aussi discret (juste au-dessus des 23 000 unités), pour 2024. L’activité serait donc conforme à la moyenne observée depuis 2020.

Pour les utilitaires légers, l’effet rebond serait là mais avec 370 000 utilitaires légers mis à la route on est tout de même à des niveaux rappelant de mauvais souvenirs (comme 2015 par exemple). Pour 2024, le marché est attendu à 410 000 unités d’utilitaires légers. Vu l’activisme de marques « tout électrique » comme Maxus Motors ou JAC sur le marché France, on peut d’ores et déjà poser la question suivante : combien de VUL neufs immatriculés en 2024 seront Chinois dans ce total ?

La conférence Solutrans 2023 révèle également un paradoxe : « pour 60% des 400 professionnels interrogés[1], l’enjeu majeur reste la maîtrise des coûts ». Une confirmation supplémentaire du hiatus créé par l’obligation de migrer vers la mobilité électrique à batteries, considérablement plus gourmande en capitaux (investissements et amortissements en infrastructures et véhicules). Ceci explique certainement l’accent mis sur l’espace dédié à la banque et aux assurances lors de la conférence de présentation de Solutrans 2023.

[1] Sondage effectué en mars 2022 auprès de 400 professionnels du véhicule industriel et urbain (répartition professionnelle du panel : 58% transporteurs ou chargeurs, 33 artisans, 14% directeurs généraux et 12% responsables commerciaux)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *