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Une décroissance qui ne dit pas son nom

Le ministère de la transition écologique annonce une baisse de 4.8% des émissions de gaz à effet de serre en France en 2023. Reflet de gains énergétiques ou déclin des activités industrielles et de transport ? Là est la question …

Le ministère de la Transition écologique a publié les données provisoires du CITEPA pour le bilan des émissions de CO2 de la France en 2023. Avec une baisse de -4.8% par rapport à 2022, notre pays se targue d’être un des « bons élèves » au niveau de l’Union européenne en matière de réduction de l’empreinte carbone. Cela est également important dans le cadre de la Stratégie Nationale Bas Carbone SNBC-2 puisque ce chiffre (provisoire) de 384,5 Mt CO2e met la France en conformité avec ses engagements internationaux.

Le CITEPA note « une baisse dans tous les principaux secteurs (énergie, industrie, bâtiments, transports). » Du côté de l’énergie, il est relevé que « l’augmentation de la production d’électricité décarbonée est surtout le fait d’une hausse du volume de production nucléaire (+41,5TWh) mais aussi, dans une moindre mesure, du volume de production hydraulique (+9.2TWh), éolienne et solaire (+15.2TWh pour ces deux filières cumulées ». Cette baisse contraste fortement avec la situation de 2022 où les arrêts de tranches de centrales avait induit un recours massif aux centrales thermiques à gaz ou charbon. En 2022, la hausse des émissions est le fait de cet appel aux énergies fossiles puisque le document du CITEPA rappelle que cette année-là, « la consommation d’électricité avait néanmoins été amoindrie ». La nature de la production électrique est donc le facteur déterminant du bilan carbone de cette activité.

Le secteur tertiaire ou habitat est également en nette baisse avec -6%. Mais le CItepa relève que « les prix de l’énergie ont aussi connu des hausses (+5.7% en 2023) » [sur les indices INSEE] l’un expliquant peut-être l’autre. Quoi qu’il en soit « le secteur résidentiel-tertiaire atteint, avec 60Mt CO2e, le niveau d’émissions de GES le plus bas depuis 1990 ».

Industrie et Transport en décroissance

SI les émissions de l’industrie baissent de -8% cela « s’explique principalement par des baisses de production industrielle ». La flambée des prix de l’énergie a conduit plusieurs secteurs (cimenteries, chimie, agro-alimentaire) à arrêter des sites ou lignes de production. Bilan du même ordre dans le transport routier avec une baisse des émissions de -3% sur les gaz à effet de serre. Dans le même temps, selon les service économiques et statistiques du Ministère de la Transition écologique, l’activité du transport intérieur exprimée en milliards de tonnes-kilomètres avait chuté (par rapport aux mêmes périodes de 2022) de -2.9% au 1er trimestre 2023 ; de -3.4% au second trimestre 2023 et de -0.4% au 3ème trimestre 2023.

Et l’association CITEPA d’annoncer que « le budget carbone fixé pour ce secteur dans la SNBC-2 pour la période 2019-2023, de 128Mt CO2e/an en moyenne, semble respecté avec 127Mt CO2e pré-estimé entre 2019 et 2023. » Le CITEPA attire l’attention sur le fait que le transport aérien est inclus dans ces données et que celui-ci ne distingue pas les activités domestiques et internationales. Ce qui peut constituer un biais statistique. Lequel devrait être éliminé en 2024.

Tous ces chiffres prennent en compte les émissions territoriales (assimilables au PIB) et non l’empreinte carbone induite par la consommation en France (assimilable au PNB). Il faudra attendre la publication du rapport Secten en juin 2024 pour avoir les données définitives.

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