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Doit-on s’attendre en France à une chute des ventes de camions comme aux Etats-Unis ?

Les ventes de poids lourds en France poursuivent leur hausse. L’objectif de 2019 sera sans aucun doute atteint. Le marché français enregistre même des records : il a réalisé en 2018 la plus forte hausse de ventes poids lourd en Europe. Mais cette embellie va-t-elle perdurer ? Ou allons-nous connaître une chute brutale des ventes de camions comme aux Etats-Unis ?

La France a enregistré la plus forte hausse de ventes de poids lourds en 2018 (+9,1%) dans l’Union européenne. Même en décembre, alors que tous les pays européens ont subi de fortes baisses (jusqu’à -24,3% en Espagne), les constructeurs français ont affiché d’excellents résultats. Qui dit mieux ? Les prévisions ont été revues à la hausse sur les premiers mois de 2019. Ainsi, en janvier dernier, on a vendu 500 tracteurs de plus que prévu pour un total de 28 500, pour les porteurs, les ventes dépassent les prévisions de 1 000 unités sur un total de 24 500. L’OVI qui livre chaque année une photographie du marché VI indique que la conséquence des bons résultats signifie que, « sur des niveaux historiques très élevés, la décélération anticipée du nombre d’immatriculations de VI ne serait que de –2,4 %, contre –5,5% estimée en début d’année, impliquant toutefois une décélération sensible du marché, eu égard à l’acquis de croissance à mi 2019 » ajoute-t-il prudemment.

Essayons de comprendre ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis qui affichaient eux aussi des ventes record il y a encore un an. En quelques semaines, les ventes ont dégringolé après 7 années de ciel bleu, accusant en mai dernier une chute de 70% en un an. Du jamais vu. Les raisons ? Les transporteurs américains ont beaucoup acheté en 2017 et 2018, les carnets de commande étaient saturés au point que les constructeurs de poids lourds avaient du mal à suivre, les livraisons enregistrant des retards inattendus. Puis l’économie américaine s’est ralentie et les transporteurs avaient renouvelé la majorité de leur parc camions. Ils n’avaient plus besoin d’acheter de nouveaux véhicules souvent pas encore livrés. Enfin, les Etats-Unis sont confrontés comme l’Europe à une pénurie de conducteurs. Et les camions restent pour un certain nombre au parking, faute de main d’œuvre roulante. Les transporteurs hésitent, pour ceux qui ne l’ont pas fait encore, à remplacer les camions.

Les analystes américains restent prudents quant à l’avenir : « les constructeurs ont traité la majeure partie de l’arriéré de 2018 et commencent à ouvrir des créneaux de construction de 2020, mais le secteur s’attend à ce que les flottes ne soient pas pressées de commencer à commander pour l’année prochaine. » Les constructeurs US constatent un décalage de trois mois dans les commandes de camions de classe 8.

Et la France ? Les constructeurs français devraient atteindre leur objectif cette année : 51 500 immatriculations. Fin juin, soit sur le premier semestre, 29 165 poids lourds ont été vendus depuis le début de l’année, soit un bond de 19% comparé à 2018. La France a vendu en juin autant de camions que l’Allemagne (premier pays vendeur de PL en Europe) l’an dernier.

Donc pas de signes concrets pour l’instant d’un fléchissement des immatriculations, contrairement à ce qui était pronostiqué. Mais la prudence est de mise. En mai dernier, Jean-Marc Diss, directeur général de Mercedez-Benz Trucks France et président de la CSIAM, alertait sur des signes ressentis sur le terrain : « Les transporteurs ont moins de travail. Les sociétés changent leur comportement d’achats. » L’OVI parle de son côté d’un « début de retournement pour le véhicule industriel » et a parié sur une baisse de 5,5% des ventes VI en 2019. Rappelons que le marché français avait connu des ventes record (au dessus des 50 000 unités) en 2005 jusqu’à la crise financière internationale. Les économistes parlent de cycles.

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