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Il y a 5 ans, l’accident de Puisseguin

Triste anniversaire. Il y a 5 ans, 43 personnes perdaient la vie dans le dramatique accident de Puisseguin. Un routier, Cyril Aleixandre, le conducteur du camion, et son fils, Théo, figuraient parmi les victimes. En février dernier, le juge d’instruction chargé du dossier avait avisé les parties qu’il mettait fin à ses investigations laissant peu de chances à la tenue d’un procès au pénal, aucune mise en examen n’ayant été retenue. Selon nos informations, un non-lieu devrait être prononcé d’ici quelques semaines.

Initialement pris comme la cause de l’accident, le réservoir additionnel de gazole situé derrière la cabine du camion aurait finalement joué un « rôle négligeable » selon les enquêteurs. La première hypothèse estimait que, sous le choc avec le car, une pièce métallique aurait perforé un de ses réservoirs, provoquant à un embrasement rapide. Les conditions de sécurité à bord du car ont été aussi remises en cause puis jugées conformes.

Cyril et Théo, son fils.

Retour sur les faits

Il est aux environs de 7 heures du matin ce 23 octobre 2015. C’est aussi un vendredi. Cyril Aleixandre, 31 ans, roule à vide au volant de son Stralis TZP 6×4. Le routier a livré du bois la veille dans une scierie située à Saint-Michel-de-Montaigne, en Dordogne. Il a dormi à Coutras et y est parti vers 6 heures. Au bout d’une heure de route, il atteint cette petite route de campagne près du village de Puisseguin. Arrivant à 75 km/h, le Stralis se déporte sur la gauche, se met en portefeuille, et percute un car de retraité, venant en sens inverse. Le procureur de la république de Libourne avait indiqué que Cyril aurait tenté de redresser son véhicule et qu’il s’était déporté sur la gauche. Une « barre métallique », du type de celles utilisées pour les écrous, située à l’intérieur de l’habitacle du camion, serait venue sous le choc percer un « réservoir additionnel de gasoil sous pression », situé à l’arrière de la cabine. Mais une question reste en suspens : pourquoi le feu a été aussi rapide ?

« S’il n’y avait eu que le choc, il y aurait peut-être eu un blessé ! Tout le monde était prêt à sortir, très peu y sont arrivés », a résumé Michel Vigier, le président du collectif de victimes. En quelques secondes, les flammes embrasent le car par l’avant, « le plafond brûlait, soi-disant ignifugé», a raconté Raymond Silvestrini, 73 ans, un des huit rescapés. Des fumées noires toxiques envahissent le bus, piégeant les voyageurs tous âgés dans un brouillard mortel. En moins de trois minutes, 43 personnes ont péri asphyxiées ou brûlées, dont Cyril, le routier et son fils de 3 ans à ses côtés, l’accident routier le plus meurtrier en France depuis Beaune (Côte-d’Or) en 1982 (53 morts, surtout des enfants).

Le camion premier accusé

En 2017, soit deux ans après le drame, l’enquête administrative du bureau d’enquêtes sur les accidents de transport (BEA-TT) avait attribué «la cause directe» de l’accident à «une perte de contrôle» du camion dans le virage. Il préconisait de renforcer les normes dans les autocars sur la tenue des matériaux au feu (tissus, plastiques intérieurs), et d’en introduire sur la toxicité des gaz issus de leur combustion, soulignant que ces facteurs avaient pu alourdir le bilan. Ensuite, l’enquête judiciaire avait retenu que « les équipements de l’autocar Mercedes étaient conformes à la réglementation en vigueur », selon le parquet.

La plupart des victimes appartenaient au club du 3e âge du village voisin de Petit-Palais-et-Cornemps. Leur indemnisation avait été rapide, soit 11 millions d’euros au total, avec une première reconnaissance, dans un cadre amiable, du préjudice d’angoisse des rescapés et du préjudice d’attente des proches de victimes.

Il est peu probable qu’un procès ait lieu. En février dernier, le juge de Libourne avait avisé les victimes qu’il mettait fin à ses investigations. Ces dernières n’ont pas dit leur dernier mot. Selon nos informations, elles réclament de nouvelles investigations. Par ailleurs, les avocats des victimes avaient demandé à ce que Mercedes, le constructeur du car, soit entendu par les enquêteurs. La demande a été rejetée en mai. Mais les avocats ont fait appel. La décision qui est attendue avant la fin de l’année devrait déterminer ou non le non-lieu.

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