Selon nos informations, des centaines de poids lourds seraient bloqués sur 30 points (autoroutes, nationales, départementales) sur un total d’une centaine de barrages en France, perturbant les livraisons. Le trafic est très impacté par ailleurs à la frontière espagnole où des dizaines de camions étrangers sont à l’arrêt occasionnant de longues files d’attente.
Le nombre de témoignages de conducteurs bloqués se multiplie dans la plupart des régions, comme près de l’A20, dans le Creuse. Certains sont bloqués entre 24 heures et 35 heures, d’autres depuis plusieurs jours. Un autre exemple parmi tant d’autres. En Côte-d’Or, près de 400 routiers sont bloqués depuis dimanche près d’un barrage filtrant installé sur une départementale. La solidarité est de mise. La commune d’Arnay-le-Duc a accueilli les conducteurs immobilisés leur proposant des les nourrir et de les héberger.
« Il y a encore beaucoup de camions et leurs conducteurs bloqués à travers la France. Certains ont un accès limité à la nourriture, à l’eau ou aux installations sanitaires” a déclaré Alexandre Clareton, le nouveau président de l’UNOSTRA qui représente les TPEs Transport, majoritaires dans le secteur.
Les blocages des agriculteurs ont des répercussions certaines sur les approvisionnements de marchandises dans tout le pays. La situation ne s’arrange guère depuis quelques heures avec le blocage des 5 principales centrales d’achats. Enfin, même si les camions peuvent rentrer et sortir de Rungis, l’activité est particulièrement impactée avec des livraisons retardées voire annulées
Les entreprises du secteur s’inquiètent des conséquences économiques sur leur activité. « Nos routiers perdent un temps fou. Cela déstructure totalement notre secteur, les rendements sont à néant. Le moral est en berne complet » a indiqué Alexandre Clareton.
Les camions étrangers pris pour cible
Les marchandises étrangères sont prises pour cibles et donc directement les camions. Conséquences : des centaines de poids lourds étrangers sont amassés en amont de la frontière espagnole. Le ministère espagnol des transports a publié un décret pour assouplir les temps de conduite et de repos des conducteurs routiers le temps des blocages français. Le texte prévoit une augmentation de la limite de conduite quotidienne de 9 à 11 heures, celle hebdomadaire de 56 à 60 heures et celle bihebdomadaire de 90 à 120 heures. De plus, il réduit les besoins de repos quotidien de 11 à 9 heures. Selon les organisations patronales espagnoles, le secteur le plus touché est le transport frigorifique, cible des agriculteurs. Certaines entreprises espagnoles estiment les pertes économiques à au moins 120 000 euros avec 60 camions bloqués. La fédération espagnole des transporteurs routiers parle d’une perte de 12 millions, somme qui pourrait augmenter si le mouvement doit durer.
L’absence d’un ministre des transports pèse lourdement sur la situation même si la profession affirme être en contact permanent avec la DGITM (Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités). « Il faudrait que des itinéraires bis soient mis en place pour les camions » nous confiait un transporteur. « Sans ministre de tutelle, c’est ingérable ! ».
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